Comment méditer ?

Retour à la pratique. Voici comment John Main résume et recommande sa méthode :

- Asseyez-vous.
- Restez immobile, le dos droit. Fermez légèrement les yeux.
- Soyez détendu mais en éveil.
- Respirez avec calme et régularité. En silence, intérieurement, commencez à répéter un mot unique.
- Nous recommandons la prière MA-RA-NA-THA.
- Prononcez chacune des quatre syllabes de manière égale et régulière.
- Écoutez le mot tout en le répétant doucement mais continuellement.
- N'ayez aucune pensée ou imagination, spirituelle ou autre.
- Toute pensée ou image qui surgit pendant la méditation est une distraction ; on s'en détourne en revenant simplement à la répétition du mot.
- Méditez tous les jours, matin et soir, pendant vingt à trente minutes.

Dix prescriptions et une onzième comme une épée dans les reins, question d'encouragement pour qu'on se tienne à ses propres engagements.

Et pourquoi ne pas le faire, en toute simplicité ? Il ne faut pas espérer que ça ira mieux demain : prier, c'est ici et maintenant (Ima koko, comme le répètent les maîtres japonais), et jamais hier ou ailleurs. Ce n'est pas non plus qu'on s'améliore après tant d'heures et il n'y pas de coupe à gagner. Il suffit d'être, maintenant. Nu. Pauvre. Détaché de toute prétention, de toute ambition. Immobile. Le silence devient palpable quand on trouve la trace de sa respiration. On peut très bien la suivre, tranquillement, et la joindre à la parole qu'on a choisie.

Inutile de s'inquiéter d'un résultat ou de l'une ou l'autre auto-évaluation. Au bout d'un an et demi de méditation en compagnie du swami, John Main lui demanda : « Comment m'imaginer l'avenir ? Je rentre en Angleterre dans peu de temps... » Le swami répondit : « Continue comme ça. On en reparlera dans dix ou quinze ans ! »

Un maître japonais qui nous avait enseigné la méditation silencieuse, nous mit en garde au moment de notre départ de son couvent : « Ne désapprouvez pas ce que nous vous proposons. C'est un cadeau. Nous l'avons reçu des Chinois par l'intermédiaire des Coréens et les Chinois l'avaient reçu de l'Inde. Il y a plus de vingt-cinq siècles en jeu et ce trésor a traversé toutes ces cultures différentes au cours des siècles. On vous le propose. Ne méprisez pas ce joyau. » J'entends encore tous les jours cet avertissement : n'est-on pas tenté de mépriser cette façon de simplement rester assis dans le dénuement et quasiment sans réflexion et de considérer ça comme une perte de temps, une chose stérile, dénuée de sens, stupide etcetera ? Les écrits de John Main illustrent parfaitement l'inventivité qu'on met en œuvre pour échapper à cette pratique désarmante. Il connaît nos manies culturelles et perce à jour tous nos raisonnements oh si malins. À chaque page de ses publications, il réconforte, encourage, presse avec calme et patience, mais comme obsédé par une urgence silencieuse. Il sait comment on fonctionne, enfants gâtés que nous sommes, qui fuyons la simplicité et portons en nous mille petits diables impatients de perturber le moindre instant de véritable silence. « S'en tenir au mantra ! » (Keep your mantra !). Comme un martèlement, la sommation ne cesse de résonner, venant de quelqu'un avec une expérience de plus de trente ans. Le maître zen japonais savait apparemment très bien avec qui il avait à faire lorsqu'il nous dit avec un sourire : « Ne méprisez pas ce que nous vous proposons. C'est un cadeau ! »

Tout le monde a besoin de se sentir de temps à autre soutenu. Quelques instants de lecture sur le sujet ont toujours des effets stimulants. De pouvoir de temps en temps méditer ensemble est une grande chance. Il ne faut négliger ni soutien ni lecture, même si le plus important demeure : s'y mettre concrètement. Chaque jour.


fr. Benoît Standaert osb.
(c) Clerlande 2022.


Qui veut poursuivre la réflexion sur la méditation, peut consulter l'interview de Maciej Bielawski en Italien, janvier 2022 : Une série de questions essentielles.