Il y a des corridors qui sont plus que des corridors, ils sont des couloirs. Dans les corridors, on court d’un local à l’autre. Dans les couloirs, on se coule calmement d’un espace à l’autre, on prend son temps. À Clerlande nous avons un couloir, un seul : celui qui nous permet de nous couler calmement de la vie quotidienne vers le silence de l’oratoire. À sa droite, la lumière de la nature et du monde extérieur avec tous ses aléas. À sa gauche, l’austérité du long mur de briques. Jean Cosse, l’architecte, l’a voulu ainsi : solidement planté en terre, austère et nu, 7 mètres de lignes droites, rigoureuses, sans la moindre fioriture. Il est là, présent, recueilli, comme en méditation. Et cependant il parle. Il nous parle. Écoutons-le.
Les trois frères décédés l’été 2021 ont rejoint nos ainés au mur des « Souviens-toi, ô toi qui passes… ». En 2012, à l’occasion des 40 ans de la présence des moines de Clerlande à Ottignies, le f.Grégoire avait pris la très heureuse initiative de faire sortir le mur de son mutisme : pour chacun des frères une photo et une brève notice biographique pour nous rappeler la place très concrète qui était, et qui est encore, la leur parmi nous. Arrêt sur image, qui nous les montre vivant aujourd’hui entre terre et ciel. Traits d’union entre la vie et la Vie, entre nous et l’Aujourd’hui des fêtes de l’année.
À Clerlande nous ne disposons pas de cimetière privé. Au cimetière communal, les frères reposent en paix, en silence. Ici, au pied du mur, ils veillent : la vie continue.
Ils veillent comme s’ils étaient autan de petits cailloux blancs semés par le petit Poucet tout au long du chemin qui devait le ramener à la maison familiale avec ses frères malgré obstacles et turbulences de la foret. Cailloux de formes très différentes mais d’un blanc identique. À chaque sonneries de cloches, ils nous voient passer et ils emboîtent le pas pour louer le Seigneur avec nous : un chœur à l’unisson du nôtre mais aux voix multiples pour, comme dit le psaume 137 : « Je chanterai le Seigneur en présence des Anges. ».
En dehors des offices, la chapelle du monastère reste ouverte et accueillante. Et vous, visiteurs ou promeneurs, il vous arrive de pousser sa porte pour une brève visite d’amitié ou de remerciements, pour Lui parler d’une épreuve trop lourde ou tout simplement pour un bref moment de repos au cours d’une promenade dans les bois. Il n’est pas rare à ces moments-la de vous y entrevoir déambuler en prenant votre temps, le regard fixé sur une photo, sur un caillou blanc. Chez vous, à la maison, également des cailloux blancs sont là, bien mis en évidence sur un meuble, pour vous aider tout au long de la route vers la Maison familiale.
Écoutez-les. Merci pour eux !
Photo ci-desus : Fr. Yves Leclef en visite au cimetière. 2022.
Fr. Yves nous exprime ses Mercis.
Résumer en quelques lignes une vie aussi longue ? Impossible !
Anversois, issu d'une famille très nombreuse, il fit ses études à St André-lez- Bruges où il se fit moine dès après la guerre.
Heureux d'être nommé professeur au collège, il le fût moins quand son Abbé luidemanda de s'occuper de l'économat de l'abbaye qui, à l'époque, comptait plus de deux cents moines. Arrivé à Clerlande en 1971, outre sa tâche de cellérier, on le voit travailler au service du diocèse en visitant les curés et en les aidant dans la gestion de leurs paroisses. Déjà actif parmi les Equipes Notre Dame à Bruges, il continua cette animation dans le Brabant Wallon. Son souci de recevoir, à la porte du Monastère, de nombreuses personnes en difficulté, ne l'empêche pas de penser à ceux qui sont loin, entre autres les chrétiens défavorisés en Inde et ailleurs : il les soutiendra en créant la Fondation « Unitas » qu'il continuera à encourager jusqu'à la limite de ses forces. Soucieux d'être présent à la prière, aux repas, aux réunions de la communauté, sa longue existence l'a conduit à se poser, jusqu'au bout, des questions sur le monde... sur la vie en communauté....sur Dieu....
Merci, Seigneur de nous avoir donné ce confrère fidèle !
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Merci à toi, cher Père Romain, pour ta fraternité et ta fidélité. Jusqu'au bout de ta vie tu as évoqué le souvenir de ta mère, veuve courageuse, restée proche de toi dans les différentes étapes de ton parcours ; avec ton frère Paul, vous aviez assisté au décès de votre père alors que tu étais en 6ème humanité, - et tu as gardé une grande reconnaissance à ton professeur de rhétorique qui était venu à ses funérailles avec toute ta classe du collège sainte Marie, à Bruxelles. Fervent patriote, tu fus membre de la Résistance en 1944, et tu fis ton service militaire dans une unité de chars, à Spa.
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Entré à l'abbaye de saint André, à Zevenkerken, en 1947, c'est le P. Jean Delacroix, l'oncle du fr. Damien, qui t'initia à la vie monastique. Ensuite ce furent de longues années d'études de philosophie et de théologie, avec l'ordination sacerdotale en 1954, qui aboutirent à un Doctorat en Théologie et une Licence en Philologie biblique en 1959, à Louvain.
Nommé Responsable des étudiants en théologie à saint André, tu as eu à coeur de créer un cléricat commun avec des jeunes venus de plusieurs autres monastères : tes anciens étudiants se souviennent de la qualité de ton enseignement et de ton attention pour les jeunes moines dont tu avais la charge. Tes compétences te valurent, par ailleurs, d'être envoyé comme Professeur Visiteur dans l'un ou l'autre monastère en Afrique.
Venu ici lors de la fondation de Clerlande, tu as d'abord collaboré activement avec le P. Robert Gantoy à la publication des « Assemblées du Seigneur », à savoir une centaine de volumes contenant des articles de divers auteurs commentant les lectures du Nouveau Lectionnaire liturgique promulgué après le concile Vatican II.
Avec les frères Aubain, Jean-Yves, Dieudonné et Robert, vous avez conjoint vos efforts pour mener à bien la publication du Missel dominical de l'Assemblée ainsi qu'un commentaire en 7 volumes des 3 années du cycle liturgique intitulé 'Jours du Seigneur'. En plus de ces publications, tu fus sollicité, au fil des ans, pour divers services communautaires tels que : hôtelier, bibliothécaire, chantre et animateur des Oblats.
Nous te remercions pour le témoignage de ta disponibilité, toujours dynamique et souriante, dans le souci d'une vie monastique 'sans artifice'. Celle-ci t'a conduit à vivre en profondeur la lourde épreuve de tes deux dernières années de dépendance physique comme une participation à la croix du Christ, dans la grâce et la vérité. Tu nous restes bien présent.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Qui peut oublier la personnalité attachante que fut le frère François ?
L'accueil de l'autre : c'était sa manière à lui d'être moine et apôtre, dans sa tâche de Prieur au Congo pendant de longues années, parmi ses confrères de Clerlande et les Sœurs bénédictines, avec sa famille fidèle à lui rendre visite, et enfin à l'égard des hôtes de passage au Monastère ou en promenade dans les bois environnants. A la base de tout cela : une foi communicative, un constant souci des autres et une ouverture œcuménique toujours renouvelée.
Lire la suite...Supportant vaillamment ses nombreuses infirmités il a chanté jusqu'aux limites de ses forces la louange de son Créateur et sa reconnaissance pour ses frères.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
A chacune des étapes de sa vie monastique, à Saint-André de Zevenkerken, au Congo et à Clerlande, ce bruxellois de naissance, chercheur de Dieu, accordait une attention quasi maternelle à ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, comme Zélateur des novices à Bruges, comme infirmier, responsable des courses, sans oublier sa tâche d'accompagnateur au home des handicapés du Renivaux. Sa nombreuse famille était l'objet de sa prière et de ses conseils. Nous le retrouvons dans la devise monastique : « Ora et labora », « Prie et travaille parmi tes frères ».
Lire la suite...A la fois humble et bon vivant, Il nous a quittés presque sans prévenir en nous laissant ce mot : « Je pense ne pas avoir d'ennemi. »
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Entre Pâques et Ascension, tandis que ses frères entonnaient l'Office du matin, notre frère Matthieu a rendu son dernier souffle, lui, le moine modeste, le confrère fidèle, membre d'une fratrie nombreuse qu'il porta toujours dans son cœur et sa prière. Apôtre à sa manière par ses contacts et sa correspondance avec de nombreux amis; moine aux centres d'intérêt multiples : yoga, musique, thé, voyages, patrie.... et doté de nombreux talents exploités avec goût, sobriété, humour et fantaisie : météo, fleurs, tissage, soin de la chapelle, cuisine, chant...
Lire la suite...sa mémoire phénoménale lui permettait de décrire avec brio ses souvenirs de guerre, de voyages, de famille, sans compter les étapes de sa longue existence qui le menèrent de Woluwe à St André de Bruges jusqu'à Clerlande en passant par le Congo sans oublier son port d'attache au Blanc Ry et tous les liens tissés dans la vallée.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
La vie de ce confrère d'origine poitevine l'a conduit par des chemins très divers : engagement dans les milieux universitaires de Paris, entrée au Monastère de Toumliline au Maroc, priorat au monastère de Bouaké en Côte d'Ivoire, animation spirituelle à Marnes-la-Vallée et chez les Bénédictines de Jouarre et, enfin, en 2000, arrivée à Clerlande. Fruit de ses méditations sur Dieu et sur le monde, on lui doit de nombreuses études bibliques et des ouvrages de spiritualité.
Ses prédications, dans un langage choisi, tenaient ses auditeurs en haleine.
Lire la suite...Exerçant son zèle apostolique dans la pastorale de notre diocèse, il a touché les milieux les plus variés : musulmans, chrétiens, moines et moniales, jeunes couples, sans compter notre communauté dont il fût le Prieur pendant quatre ans. De graves ennuis de santé dont il se plaignait rarement, l'ont accompagné jusqu'au terme de son existence. Il adorait la nature, un parfum, une fleur... il adore maintenant Celui qui en est le Créateur.
Dieu soit remercié de nous l'avoir donné.
Né à Courtrai d'une famille très nombreuse et musicale, le frère Jean-Marie a vécu sa vie monastique à l'Abbaye Saint-André de Zevenkerken, ensuite au Congo et enfin à Clerlande.
Tempérament d'artiste : musicien, passionné d'architecture et de dessin, soigneux, jusque dans le détail, créatif et fantaisiste, il a déployé ses'talents de constructeur à Lubumbashi et au Monastère de Mambré à Kinshasa. Chercheur de Dieu hors normes, il affirmait : « Il suffit de faire des vœux et le reste c'est le Bon Dieu qui le fait » et « Il nous a créés chacun avec son tempérament et il laisse travailler les causes secondes. ».
Lire la suite...Lors de son jubilé monastique, en 1997, il se définissait lui-même « comme un enfant étourdi qui ne veut pas perdre Ta compagnie » et encore « je joue le jeu de ma vie, le jeu de l'espérance, les pleurs des désespérances. Je m'abandonne à Toi...» Et il termine : « Merci Seigneur, merci beaucoup, Seigneur, plus que mille fois mille mercis Seigneur. L'amour du Seigneur à jamais je le chante. » A ce chant d'action de grâce du frère Jean-Marie nous nous associons de tout cœur : merci, Seigneur de nous l'avoir donné !
Premier Prieur de Clerlande, né à Wemmel, a grandi à Lausanne et à Luxembourg. Sans oublier ses racines bruxelloises, il se sentait à l'aise dans toute l'Europe et dans le vaste monde où il a beaucoup voyagé. Entré à l'abbaye de Saint-André, il eut la chance de pouvoir étudier à Rome où il découvrit la foi des premiers chrétiens partout attestée, surtout dans les petites basiliques et les catacombes.
Méditant les écrits des Pères de l'Eglise et la Règle de Saint Benoît il y reconnaît le cœur de l'Evangile : ferveur, simplicité, harmonie, limpidité, respect absolu, humble accueil et joie, qui l'accompagneront sa vie durant.
Lire la suite...A Saint-André il enseigne la philosophie et la théologie et reprend la direction de la revue « Art d'Eglise ». Après le Concile Vatican II, alors que tant de valeurs traditionnelles tombaient et que beaucoup de chrétiens étaient désemparés, il a pu donner sa pleine mesure pour se mettre, grâce à son sens de l'histoire, au service d'un vrai renouveau. Envoyé par le Père Abbé Théodore Ghesquière pour créer à Clerlande un nouveau monastère, il a pu y réaliser, avec l'heureux concours de l'architecte Jean Cosse, son intuition, à savoir : la vie selon l'Evangile doit se réaliser dans le cadre le plus simple, et c'est là qu'il faut chercher aujourd'hui le sacré. Dans ce même esprit il fonda à Anderlecht la Maison st Benoît où il vécut avec quelques frères pendant une dizaine d'années.
Ses intuitions, il les puisait chez quelques témoins privilégiés de la grande tradition chrétienne en particulier J.H.Newman et R.Guardini. Il poursuivait simultanément sa recherche dans le domaine monastique et artistique Ses vues concernant l'aménagement des églises, il les a partagées largement non seulement par ses conférences et ses écrits mais sur le terrain, surtout en Belgique et en France.
Mais nous retenons surtout du Père Frédéric son attention à chacun, toujours vraie, parce qu'il était réellement intéressé par le caractère unique et précieux de chacun, et toujours pacifiante parce qu'issue d'un cour apaisé et limpide.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Comment le décrire ? Toujours bienveillant à l'égard de chacun, mystique proche des premières « Béguines », il participa activement au renouveau liturgique dans la foulée du Concile Vatican II.
Sa famille et son lieu d'origine - le Borinage-, sans oublier sa formation au collège de Bonne-Espérance et à l'abbaye de Saint-André, furent le terrain favorable à l'éclosion de ses belles qualités d'intelligence et de cœur. La Parole de Dieu écoutée avec attention, ne l'a pas laissé en repos : par son verbe savoureux, ses nombreux écrits et ses missions à l'extérieur et dans son monastère de Clerlande il a transmis l'Evangile tous azimuts.
Lire la suite...A d'innombrables personnes de tous âges et d'horizons très divers, il a fait connaître, avec les mots d'aujourd'hui, le visage miséricordieux, du Dieu de Jésus-Christ.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
On pourrait résumer son long parcours humain, chrétien, monastique et missionnaire par la devise scoute « Sois prêt ! ». En effet, jusqu'au bout, son caractère fougueux et jovial et son imagination inventive l'ont poussé à servir avec efficacité sa famille, ses chers paroissiens du Katanga et sa communauté de Saint-André de Clerlande. De tout son cœur et de toute son énergie il a répondu à l'appel : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même ! » Presque jusqu'à son dernier souffle, famille, amis , confrères et personnel soignant l'ont aidé à rester assidu à la prière, à l'écoute de la Parole et à la communion fraternelle. De lui nous gardons le souvenir de sa fidélité, de sa capacité d'accueil et de son sourire en toutes circonstances.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Il naît en 1945, au Conquet, au bord de l'océan et de ses majestueuses tempêtes. Il est l'ainé de 6 enfants dans une famille paysanne. Breton, il le restera dans toutes ses fibres. À 24 ans, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Quimper.
Envoyé à Paris, à l'Université de Nanterre, il obtient une Maîtrise en philosophie.
En 1976, il frappe à la porte du Noviciat de Clerlande et parcourt allègrement les étapes de l'initiation monastique et cela jusqu'à ses voeux solennels.
Lire la suite...Diverses tâches et de nombreuses responsabilités lui sont confiées tant à l'intérieur du monastère qu'à l'extérieur. Il est doté d'une étonnante puissance intellectuelle, poétique et spirituelle, tout particulièrement dans le domaine de la liturgie. En 2009, les frères le choisissent pour être leur père Prieur. Il fera preuve d'une convivialité exigeante en même temps que d'un souci des frères plus fragiles. Il s'appliquera, avec ténacité, à la refondation de notre monastère de Mambré Kinshasa. Atteint d'un cancer, son long combat, contre et avec la mort, qu'il souhaita mener parmi nous en soins palliatifs, nous a profondément marqués et pour longtemps.
Béni soit Dieu en sa volonté souveraine.
Vidéo : Fr. Jean-Yves Quellec Il était une foi RTBF 17/02/2016
Vidéo : présentation de Clerlande par le Fr. Jean-Yves Quellec, Prieur, 2015
Quels adjectifs employer pour décrire la personnalité à la fois discrète et entreprenante de ce frère ? Son extérieur effacé cachait un cœur bouillonnant, inventif et dévoué à toutes sortes de tâches domestiques, monastiques et apostoliques, au Congo et en Belgique.
Au chevet des malades de la clinique d'Ottignies, auprès des scouts au Katanga, à son bureau de comptable, comme à la prière, il répondait « Présent ! ». Sa main droite handicapée ne l'empêchait pas de conduire ni de préparer à la cuisine des plats compliqués.
Lire la suite...Amoureux de la nature, il avait l'esprit ouvert et lisait assidûment des revues scientifiques.
Sa nombreuse famille, il la portait dans son cœur et la recevait au monastère avec chaleur.
Du haut du ciel, nul doute qu'il lise cette annonce avec cet humour dont il avait le secret.
Merci, Seigneur, de nous avoir offert notre frère Albert.
On pourrait lui mettre 36 casquettes : bon fils de sa mère, avocat, moine, éducateur, militaire, jardinier, cuisinier, professeur, missionnaire.
Avec une volonté de fer il mène ses affaires jusqu'au dernier souffle, voulant tout faire, comme si de rien n'était, malgré l'âge et les bobos.
Ne l'a-t-on pas vu, peu avant son départ soigner ses roses près de la chapelle, les roses qui l'accompagneront le jour de sa Pâque.
Merci, Seigneur, pour ce grand frère qui hante encore nos couloirs.
C'est un privilège que de côtoyer des saints.
Père Bénédict étaient de ceux-là, ne pensez-vous pas ?
Certains l'ont connu comme apôtre en Afrique, partageant comme seul Belge la vie de ses Frères congolais, et sillonnant les villages proches comme pasteur des pauvres et des humbles.
D'autres l'ont vu à l'œuvre à Clerlande, pour ses frères : souriant, compatissant; pour tout hôte de passage : oreille ouverte et cœur bienveillant.
Grattant le sol autour du monastère, furetant dans les revues, l'esprit ouvert à tout ce qui regarde notre terre, mais par-dessus tout : oublieux de lui-même, et reflétant tranquillement l'amour de ce Dieu sans cesse invoqué et qui transparaissait dans sa manière simple et belle de prêcher et de célébrer.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
On pourrait dire : Robert le Liturge.
Grande taille, grosse voix, grands yeux, larges oreilles, entier dans sa manière d'être, immédiat dans ses réponses et ses offres d'aide.
Nous nous rappelons de lui, introduisant l'Eucharistie par une formule bien ciselée dont il avait le secret, ou déambulant pensivement dans les couloirs pour peaufiner le texte d'un article ou d'une conférence. ou encore accueillant avec grand éclat de voix quelqu'ami venu lui rendre visite.
Méridional acclimaté aux brumes du Nord, tranchant dans ses opinions, fidèle en amitié, débusquant avec vigueur les pieuses hypocrisies, volontaire et méthodique dans ses recherches liturgiques, il échappe à toute catégorie de moine classique.
Merci, Seigneur, pour ce frère cordial et interpellant.
Un frère d'intelligence brillante et qui pourtant signait ses billets : 'Poverello': voici résumé en un mot le parcours spirituel et humain de notre
frère François.
En une seule personne voici réunis des contrastes étonnants : vivacité d'esprit et fragile santé, accueil empressé au tout venant et retrait solitaire dans sa chambre encombrée, ouverture souriante aux cultures étrangères, - de préférence asiatique - et fuite devant tout malheur, violence ou dure réalité.
Voici un candidat à la paix et la beauté du Royaume espéré.
Nous croyons, Seigneur, que tu le lui as accordé.
Un géant au cœur d'enfant.
Une santé fragile bravant risques et périls, un moine obéissant, plein d'originales initiatives.
Un serviteur de Dieu, un priant, au service de ses frères au Congo, en France, en Amérique et en Belgique.
A la bouche, une parole d'Esprit et de feu pour les petits et les grands.
Moine itinérant, attentif aux besoins de l'âme de son siècle, répondant aux appels de l'Esprit inventant, stimulant puis laissant à d'autres l'œuvre commencée, allant de l'avant avec une foi audacieuse, teintée d'humour et de joyeuse confiance.
Qu'avons-nous fait, Seigneur, pour mériter ce frère que tu nous a donné ?
Encore un frère - heureusement ! - impossible à classer.
Moine-artiste, scout, explorateur, à la fois cénobite et ermite, solitaire et rassembleur, plein d'émerveillement, d'indignation et d'humour.
A l'image d'Elie le prophète, défenseur ardent et fougueux de son Dieu.
A Nodebais on se rappelle ce Père Curé à la parole juste, partie prenante de la vie de ses paroissiens et des activités artistiques foisonnantes autour des fêtes de la saint Martin.
Par monts et par vaux perché sur sa moto, il scrute de ses yeux d'enfant les beautés de la terre et du firmament.
« Je ne suis jamais seul, moi, disait-il, car comment être seul, quand on a Dieu avec soi ? »
Merci, Seigneur, pour ce vivant, témoin de Toi !
On serait tenté de le décrire par le biais de sa compétence de bibliste ou par sa capacité de commenter la Parole de Dieu, de se laisser toucher par elle, d'en parler avec rigueur et simplicité.
Cette rigueur, il l'appliquait dans les divers domaines de sa vie : le don de lui-même à Dieu dans sa vie monastique, son sens fraternel, le service de l'Église, en particulier en Italie et dans le Tiers-monde.
Mais il pouvait aussi s'appliquer à nettoyer un coin du bois autour du monastère ou à préparer avec minutie un horaire de voyage et un cycle de conférences.
L'austère discipline de son travail de chercheur allait de pair avec une grande chaleur d'accueil à l'égard de tous et en particulier de sa famille lorsqu'elle venait rendre visite à l'oncle Jean'.
Ce frère qui nous a si bien enseigné, merci, Seigneur, de nous l'avoir donné!
Il faudrait plusieurs pages pour dire sa vie de moine, d'Abbé, de frère, de fils unique, de résistant, de courageux défenseur des acquis de l'Eglise post-conciliaire, de fidèle serviteur de ce Jésus qu'il aimait par-dessus tout et de ce Dieu toujours premier servi.
Souplement fidèle, sereinement audacieux, entraînant ses frères dans un service d'Église aux larges horizons.
Méprisant la peur et s'accommodant avec grandeur d'âme et humilité des circonstances d'une vie très variée.
Il bénissait le Seigneur « en tout temps ».
Comment te remercier assez, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Prononcer son nom éveille déjà chez nous un sourire : on s'attend à le voir ouvrir tout grands les bras de l'accueil et pousser une bruyante exclamation en swahili.
Une grande bonté, un peu naïve, enfantine, le langage du cœur, peu enclin aux belles formules : voilà ce qui lui ouvrait les portes partout où il allait
aider, réparer, bricoler.
Les défis de la vie d'adulte, il ne les a pas ignorés : ici et en Afrique, il les a vécus, accompagné, semble-t-il, de cette parole de son guide et maître : « Si vous ne redevenez comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu ».
Nous croyons que tu le lui as donné, Seigneur, ce Royaume promis aux enfants.
Éducateur, chantre, professeur, moine-missionnaire : qu'ajouter encore à cette liste impressionnante ?
Son caractère bouillonnant s'impatientait des inégalités humaines, le poussant vers les petits, les gens dans le besoin, ceux que la société laisse de côté. Au-delà des limites du Monastère, la parole de Jésus, l'Evangile, la prière, le propulsaient au dehors en Belgique, au Congo, au quartier du Bauloy, partout où l'attendaient des frères.
Merci pour ce frère ardent qui vécut à nos côtés.
Il a vécu une existence aux multiples facettes : époux père et grand-père attentionné, et enfin moine, non sans avoir longtemps cherché un lieu ou se poser.
Intelligent, actif, jamais à court d'idées, maniant la plume et le français avec dextérité, il s'appliquait à travailler sans jamais remettre à demain ce qui pouvait être accompli à l'instant ou même avant.
Un cœur grand ouvert à l'accueil, une quête de Dieu jamais terminée, une attention au frère tout proche, teintée d'humilité.
Merci, Seigneur, de nous l'avoir donné !
Tard venu à la vie monastique, grand frère au noviciat bigarré de 1959 à Zevenkerken, et petit frère du Père Eleuthère de Valyermo, habile de ses mains, prêt à tout service, il a encouragé par ses talents et son sourire ses frères d'Europe et d'Afrique.
Frère 'utile' et chercheur de Dieu, c'est ainsi que nous l'avons connu Sois remercié, Seigneur, de nous l'avoir donné.
« Voici le serviteur fidèle et avisé... », un frère assidu au travail : minutieux artisan de solides reliures, enfourchant son vélomoteur il rejoignait dans la rue proche l'atelier loué à l'imprimeur nommé « Dieu » !
De petite taille, de petite santé, mais de grande fidélité à ce Dieu dont il imitait l'humilité.
Proche de ses frères et des voisins du monastère, lui qui voyait d'autres le dépasser en science et en notoriété, ne les a-t-il pas dépassés en sainteté?
Nous l'avons connu âgé, soucieux de grande sincérité dans son chemin monastique, attentif, lui l'ancien cellérier, à ne pas trop dépenser, un peu inquiet face à la grande vague qui soulevait l'Église après le Concile.
Que de nouveautés à assumer pour quelqu'un que la surdité avait quel- que peu éloigné de la modernité ! mais son humour le sauvait et nous amusait.
Merci, Seigneur, pour ce grand Ancien, qui nous a accompagnés dans nos premières années.
Gardons de lui son bon sourire et, parmi d'autres souvenirs son visage comme venu d'Espagne, ce pays où il battit la campagne pour embaucher à tour de bras des missionnaires pour le Katanga.
Peines et joies furent sa part jusqu'au moment de son départ.
Merci, Seigneur de nous l'avoir donné, lui et sa famille qui l'a si bien entouré.
Prêtre d'abord, moine ensuite, professeur, aumônier, éveillant à la foi Baudouin et Albert, et tant d'autres jeunes écoliers.
Formateurs des novices, il était à l'affût de méthodes nouvelles, de formules adaptées, dans le respect de chaque personnalité.
Fervent de Teilhard, chercheur de vérité luttant avec le sourire quand sa santé fut ébranlée.
Merci, Seigneur, de l'avoir mis sur notre route !