La méditation dans les textes bibliques

Au terme de cette recherche où nous avons rencontré bon nombre de passages bibliques qui illustrent de l'une ou l'autre façon la pratique de la méditation, la route s'ouvre sur ce que celle-ci deviendra dans les milieux monastiques, dès le troisième et quatrième siècle de notre ère. Lire, relire, mémoriser, créer des significations nouvelles par diverses associations, accepter de penser ensemble des énoncés qui se contredisent, et cultiver aussi un silence pur, sans le moindre commentaire devant ce qui est trop grand et inspire plus que tout une immense crainte révérencielle, voilà ce qui se trouve écrit dans la Bible, alors que le Livre nous indique comment le fréquenter avec sagesse, de manière à en tirer le meilleur profit spirituel.

Jetons encore ensemble un dernier regard sur une image d'une lectio/meditatio tout à fait exemplaire. Il s'agit d'une œuvre d'art qui unit l'ancien et le nouveau, la lettre et l'Esprit, l'idée ou le Verbe et son incarnation dans la vie personnelle de celle qui lit le Livre : le bas-relief de L'Annonciation d'Andrea della Robbia.

Marie est présentée assise et en train de lire. La main droite est posée sur le livre ouvert, et l'autre main repose sur le cœur, tandis que toute sa personne accueille non seulement l'Ange d'en face mais aussi la Colombe qui s'est avancée et vole vers elle. La main sur le livre signifie qu'elle s'identifie avec ce que le texte dit. Or le livre est ouvert sur le passage d'Isaïe où le prophète annonce que « la Vierge enfantera et mettra au monde un fils qu'on appellera Emmanuel » (Is 7,14). On peut de fait y lire en latin : « Ecce virgo concipiet et pariet (filium)... ». L'autre main sur le cœur, signifie son adhésion de tout son être à ce qui est écrit comme à ce que l'ange lui annonce. Un texte johannique rappelle que trois instances doivent s'unir : « l'eau, le sang et l'Esprit » (1 Jn 4,5-8). Alors l'événement messianique entre dans l'histoire ou encore s'accomplit dans le don extrême au moment du trépas. La grande lecture unit les trois : l'eau de l'élémentaire, à savoir les lettres du texte lu ; le sang est celui de l'adhésion du cœur et l'Esprit est visualisé par la Colombe. Ces trois réunis permettent qu'advienne ici et maintenant la plénitude du Don divin : à la fois le « tout est accompli » et la naissance du « Dieu-avec-nous », l'Emmanuel promis. Matthieu fait écho à cet oracle quand il confie comme dernière parole du Ressuscité : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Lisons, méditons et contemplons, en nous rappelant que le plus beau doit encore venir.

Rome 7 mai et Clerlande 17 mai 2022


fr. Benoît Standaert osb.
(c) Clerlande 2022.


Qui veut poursuivre la réflexion sur la méditation, peut consulter l'interview de Maciej Bielawski en Italien, janvier 2022 : Une série de questions essentielles.