La sinodalité, notre contribution

Pour répondre à la demande du pape François, nous avons contribué à la préparation du synode des évêques sur la synodalité qui se tiendra en octobre 2023.

La communauté des moines y a consacré plusieurs soirées et produit un texte stimulant. L’assemblée dominicale y a également travaillé deux dimanches après-midi. À chaque fois, nous étions une trentaine de participants. Nous y avons déjà pu vérifier que le travail réalisé ensemble était une belle expérience de ‘synodalité’. Un petit groupe d’animateurs a ensuite dégagé ce qui devait être retenu des nombreuses suggestions et il a rédigé un texte percutant. Les deux contributions seront envoyées à l’archidiocèse a qui les fera suivre à Rome.

Assemblée de Clerlande

Des chrétiens qui participent régulièrement à la vie et aux célébrations dominicales du monastère Saint-André de Clerlande, faisant communauté, se sont retrouvés lors de deux réunions plénières pour échanger leurs attentes, leurs interpellations et leurs suggestions, en vue du prochain synode. Nous retenons ici celles qui nous semblent devoir être portées jusqu'à Rome. Nous les avons regroupées en trois domaines.

1. Les célébrations

Il ne devrait avoir de célébration eucharistique que communautaire. Il faut reconnaitre explicitement que c'est la communauté qui est le célébrant.

Pour cela, il faut

* une formation permanente de la communauté en chaque lieu de célébration ; et cette formation doit se faire dans un 'groupe de réflexion'.

* une équipe d'animation bien organisée qui ait un réel pouvoir

* la préparation régulière, avec le célébrant, de l'homélie et de la prière universelle.

Cela suppose évidemment qu'il y ait un prêtre proche de l'assemblée, et pas seulement un « responsable de l'unité pastorale ».

2. La gouvernance

* Une démocratisation dans et de l'Église permettrait de renforcer la responsabilisation des fidèles, tout en augmentant la légitimité des prêtres. À l'instar des églises primitives, la recherche de 'nomination' des prêtres par l'assemblée paroissiale est souhaitable, ainsi que le renouvellement périodique de leurs mandats. La place des femmes en ces structures est essentielle.

* Il faut complètement revoir la place des prêtres :

Ne pas tenir compte pour leur admission de l'état civil (homme, femme, célibataire, marié, veuf, séparé).

Revoir tout à fait leur formation humaine, théologique, spirituelle, et leur compétence pour diriger une assemblée.

Veiller à leur insertion sociale et pas seulement pastorale.

Pour tout cela nous faisons bien de prendre humblement connaissance de qui se fait dans d'autres églises chrétiennes, orthodoxes et protestantes.

* En ce qui concerne les dérives financières et sexuelles, l'Église ne doit pas s'ériger en position de droit privé, mais doit simplement se référer à la justice civile, en toute transparence.

3. La communication

Il faut bien sûr adopter tous les moyens de communication qu'offre la technique moderne. Mais pour être entendu, il faut d'abord écouter. Le langage de l'Église sera audible si elle renonce à son autoritarisme, son autosuffisance et ses autocitations permanentes.

Depuis les premiers conciles, l'Église a formulé les vérités de la foi par des dogmes. Mais les modes de penser ont énormément évolué et cette présentation est en décalage par rapport à la mentalité de nos contemporains. Il faut en particulier distinguer ce qui est historique de ce qui est symbolique.

Nous attendons des responsables de l'Église qu'ils continuent à rappeler les grands principes qui doivent animer notre société : il y a déjà de bonnes choses dites pour la doctrine sociale, sur l'environnement et la fraternité. Nous espérons une parole au sujet du rapport de l'Église et de l'État.

Fait au monastère de Clerlande, dimanche 27 mars 2022