Homélie du 21 décembre 2025

Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David

4ème Dimanche de l'Avent (semaine IV du Psautier) - Année A

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous chères sœurs, chers frères, chers amis, en direct ou en virtuel, grâce à la médiation précieuse de Francesco.

Nous voici au quatrième et dernier dimanche du temps de l'Avent : et déjà jeudi prochain : ce sera Noël ! de jour comme de nuit dans la Vigile qui précède !

Ce dernier dimanche est traditionnellement le jour où l'on célèbre l'Annonciation de l'Ange Gabriel à la jeune femme de Nazareth, Marie. Mais avec le lectionnaire nouveau, enrichi et distribué sur trois ans A, B et C, l'évangile d'aujourd'hui n'est pas tiré de saint Luc mais de saint Matthieu, car nous sommes dans l'année A. On assistera donc à l'Annonciation à ... Joseph, fils de David ! Et de fait pour Matthieu, Joseph est la figure centrale de l'évangile de l'enfance, alors que pour Luc c'est avant tout Marie qui importe.

Prenons le temps, ces jours-ci, de relire ces deux petits chapitres en tête de l'évangile matthéen. Vous y trouverez dans chaque péricope un trait qui concerne saint Joseph, figure silencieuse mais remarquablement active, efficace. Pour l'évangéliste Matthieu Jésus est Messie «  fils de David  », grâce à Joseph ! Et Paul, dans sa Lettre aux Romains qu'on entendra comme deuxième lecture aujourd'hui, transmet la même tradition : Jésus «  selon la chair est né de la race de David  ». On approche ainsi du jour de sa naissance. On nomme déjà l'Enfant, même avant de le voir ! Invoquons-le, Sauveur de son peuple, Messie, fils de Joseph, fils de David et fils de Dieu, Emmanuel, Dieu-avec nous. Invoquons-le : qu'il vienne nous sauver, nous et tout notre monde en besoin de salut !

Homélie : «  Viens espérance des hommes, Viens salut de l'univers !  » Chers amis.

La catéchèse biblique est relativement simple aujourd'hui. La première lecture nous raconte tout le contexte du passage que Matthieu citera dans son évangile : «  Voici que la jeune femme, la Vierge enfantera et mettra au monde un fils qui recevra le nom d' «  Emmanuel  » - Dieu-avec-nous !  » Isaïe comme jeune prophète interpelle le roi Achaz qui est un peureux - il a peur de ses voisins et il a peur de Dieu. Le prophète éclate : «  Ne vous suffit-il pas de fatiguer les hommes, pour que vous en veniez à fatiguer aussi mon Dieu ! Eh ! bien, voilà que Dieu vous donnera un signe : la jeune femme est enceinte ! Son fils s'appellera Dieu-avec-nous !  » Grandeur et fragilité de ce signe venant de Dieu : une femme enceinte et la venue d'un bébé. Voilà le signe qui doit donner à espérer contre tous les dangers politiques que le roi Achaz redoute plus que tout.

La tradition chrétienne se mettra à peindre en une icône très parlante ce «  signe  » annoncé par Isaïe. On appelle cette icône la Vierge du Signe, justement ! Vous la voyez ici sur votre gauche. La vierge a les mains ouvertes, en orante qui est toute entière supplication. Et l'enfant qu'on voit rayonner en elle est l'Emmanuel, tout jeune, sans barbe ! Et il bénit, parfois des deux mains, parfois en tenant une main qui resserre le rouleau des écritures, qui contient la Parole et la Volonté de Dieu. Contempler cette icône c'est réaliser tout le mystère de la prière, notamment en période de l'Avent : les mains ouvertes expriment l'attente de toute la création et de toute l'histoire en un Dieu sauveur, et au cœur de cette supplication l'Enfant bénit. Dans certaines icônes vous trouvez la main de Marie ouverte, au milieu de laquelle on voit la main de l'Enfant qui bénit. Quiconque réunit en soi dans le cœur, les deux, réalise pleinement toute la prière avec son pôle divin qui descend, en réponse au pôle humain qui supplie et accueille.

Entre les deux lectures il y a le psaume 23 : le refrain disait : «  Qu'il vienne, le Seigneur. C'est lui le roi de gloire  ». Et le psalmiste indiquait les conditions pour entrer dans la maison de Dieu. Nous entrons dans son Lieu les mains et le cœur purs et lui veut bien venir habiter ce lieu en tant que roi de gloire. On répète, qu'il entre, qu'il entre le Roi de gloire !

Toute liturgie recherche exactement cette qualité de rencontre : nous allons à la rencontre de Celui qui vient à nous. Soyons-en dignes, pleinement.

Dans la deuxième lecture Paul ouvre assez solennellement sa Lettre aux Romains, et transmet en une phrase le cœur de l'évangile de Jésus, le Fils. Il est fils de David selon la chair et fils de Dieu selon l'Esprit par sa résurrection d'entre les morts. Tout est dit en très peu de mots ! L'espace spirituel auquel ouvre cet évangile intègre la terre, la chair, l'histoire humaine dans laquelle Jésus a pris corps, et le ciel, la résurrection en gloire et en vie éternelle. L'obéissance de la foi permet de vivre habité par cet évangile toujours victorieux.

Venons-en à l'évangile du jour. Joseph est au centre de tout l'épisode raconté. Sa femme s'avère enceinte avant même qu'ils aient mené la vie commune comme époux. Le lecteur apprend dès la première phrase que cela est l'œuvre de l'Esprit saint, mais Joseph n'en sait rien... La conduite à suivre selon la tradition rabbinique de l'époque serait de renvoyer la femme. Joseph hésite, songe plutôt à se retirer en silence... Dans ce silence et ce retrait s'ouvre un espace où Dieu peut parler. De nuit, lors d'un songe, un ange vient informer Joseph. Celui-ci reçoit le beau titre de «  Fils de David  », titre messianique s'il en est un ! L'Ange explique et recommande une conduite bien concrète : accepter sans peur la jeune femme enceinte. Et donner à l'enfant le nom sauveur : Jésus, Yeshouah, «  celui qui sauvera son peuple de ses péchés  » !

Et Matthieu , l'évangéliste, scribe lettré, d'invoquer les Écritures à l'appui : il cite Isaïe 7, le texte entendu comme première lecture de ce dimanche, avec la tournure spéciale : «  Voici que la Vierge enfantera et mettre au monde un fils, appelé Emmanuel - Dieu avec nous !  »Joseph ne dit rien, n'entre pas en débat, ne conteste rien. Il se lève le matin et accomplit ce qu'on lui a demandé. Il donnera à la naissance le nom de «  Jésus  » à l'enfant. Joseph le silencieux ne prononce aucune parole autre que le nom de Jésus. Il répond par ses actes qu'il exécute avec promptitude, chaque fois.

Parmi les choses très remarquables de cet évangile et de tout le temps que nous vivons juste avant Noël, c'est la belle quête du Nom. Vous savez que la liturgie latine a un jeu tout particulier des lettres et des noms pour les sept jours qui précèdent la nuit de Noël. Sept noms bibliques sont invoqués (on les chante aux Vêpres, les fameuses antiennes O) et la disposition de la première lettre des sept noms forme une phrase : ERO CRAS. «  Je viendrai (ero) demain (cras)  » ! On inverse les lettres pour s'approcher du dernier nom : le «  E  » de «  Emmanuel  ». La première lettre «  S  » est celle de Sapientia (Sagesse). Le seul nom qui ne sera donné que dans la nuit par Joseph justement est celui de Jésus, Yehoshouah, «  le Seigneur sauve  ».

Dans la langue tous les mots forment un système clos. Mais quand apparaît un nom propre, le système s'ouvre et l'on rejoint l'au-delà du système clos, le réel nommé comme tel dans son unicité. Les noms propres sont ce qu'il y a de plus noble dans la langue. Avec la venue de l'Enfant messianique la liturgie nous stimule comme à réapprendre à nommer le nom unique et tout ce qu'il promet. Dans le seul évangile d'aujourd'hui on entend le nom propre d'Emmanuel, de Jésus, de sauveur, de pardon des péchés, de fils de Joseph, fils de David, de Christ-Messie, que Paul complète en disant : «  selon l'Esprit : Fils de Dieu  ».

Méditons dans notre cœur, comme il est dit de Marie qu'elle méditait toutes ces choses dans son cœur. Ainsi, à l'Annonciation, au Moyen-âge on présentait Marie en train de lire, alors que l'Ange vient lui annoncer ce qui adviendra. Or savez-vous ce qu'elle lisait ? Un texte d'Isaïe ! Et connaissez-vous la page d'Isaïe qu'elle a sur les genoux et sur laquelle est pose la main droite : Isaïe 7. Ecce virgo concipiet et pariet... Ce qu'elle lit s'accomplit à l'instant. Et les trois sont unis : l'Esprit de la colombe, le sang du cœur sur lequel elle pose l'autre main en signe d'adhésion, et l'eau de la lettre. Méditons ces jours-ci, avec Joseph et Marie. Avec Isaïe et les psalmistes : il vient comme il l'a dit et réalise dans le silence de nos cœurs la plénitude de sa Parole, il fait ce que son Nom dit : être Salut de l'univers. «  Viens, espérance des hommes, viens salut de l'univers  » AMEN.

 

Voici que la vierge est enceinte

En ces jours-là, le Seigneur parla ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » Acaz répondit : « Non, je n'en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve. » Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu'elle appellera Emmanuel (c'est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissée à l'abandon. »

- Parole du Seigneur.

Is 7, 10-16

Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L'homme au c?ur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6

Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu

Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l'Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome.

Cet Évangile, que Dieu avait promis d'avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l'Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d'entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.

Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d'Apôtre, afin d'amener à l'obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.

À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.

- Parole du Seigneur.

Rm 1, 1-7

Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 1, 18-24