Homélie du 6 juillet 2025

 Votre paix ira reposer sur lui 

14ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine II du Psautier) - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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Dans la liturgie de la Parole de ce jour, je perçois comme trois phases :
 Isaïe annonce une grande joie - un futur où Dieu agira avec son peuple comme 
la plus tendre des mères à l'égard de l'enfant qu'elle nourrit et console. De quoi nuancer
 les propos de ceux qui pensent que l'Ancien Testament n'est que sévérité et violence.


Ensuite, après le psaume qui se conclut par : «  Béni soit le Seigneur qui n'a pas détourné 
de moi son amour  », c'est la douche froide : Paul parle de la Croix : pas seulement 
celle du Christ mais celle que lui, Paul, est appelé à porter et qui, de plus, est le signe distinctif de tout ami de Dieu : cet instrument de torture dont nous traçons la silhouette sur nous-mêmes, sur les autres ou sur des objets : signe de joie ou de souffrance ?


Enfin, voici l'Evangile où voisinent la joie du Royaume «  qui s'est approché  » et la lutte contre les forces du mal qui semblent l'entraver. Jésus sait ce qu'il en coûtera aux disciples 
d'être du côté de la paix, du bien, de l'annonce du Royaume ! Il sait ce qu'il en coûte d'accueillir
 tout simplement son mode de vie à Lui qui est non pas de dominer mais de servir, 
non pas de se prendre pour Dieu mais d'aimer de cet amour qui est comme la marque 
de fabrique du Royaume qui s'est approché.


Ensuite, un petit mot m'a frappé dans l'évangile: le mot «  toutefois  », présent à deux reprises : d'abord pour souligner le fait que, quoique repoussé, le Règne de Dieu 
« s'est approché  » : les exégètes avertis soulignent l'importance de cette nuance : le Règne de Dieu n'est pas seulement annoncé, pour un avenir plus ou moins précis mais maintenant il s'est « approché  ». Le deuxième emploi du mot «  toutefois  », c'est pour mettre les disciples en garde contre l'orgueil : «  Je vous ai donné le pouvoir d'écraser serpents et scorpions... : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.  » Ce qui compte c'est Dieu 
qui est à l'œuvre : rappelons-nous cette parole rapportée par le prophète Isaïe : 
«  Je t'ai gravé sur la paume de mes mains...  » (Is.49, 16)

Je voudrais revenir au passage où il est dit que les disciples, envoyés en mission par Jésus, sont parfois repoussés, voire mal accueillis. En préparant cette homélie j'ai été frappé par 
 quelques lignes d'un livre sur Maître Eckhart, traitant de la recherche de Dieu. Je cite : 
«  Il se pourrait que beaucoup de gens qui semblent avoir rejeté la religion et qui font preuve 
de scepticisme ou d'incroyance sont cependant sur le chemin de l'essentiel : ce qu'ils rejettent, ce n'est pas Dieu mais les images tronquées de Dieu : ce qu'ils repoussent ce n'est pas Dieu mais une idole, et leur colère est sacrée. Le poète anglais Yeats exprime cela de manière tranchante :

«  La haine de Dieu peut mener l'âme à Dieu  ».


Je ne sais pas si je me trompe, mais il me semble que ces quelques lignes laissent un bel espace 
à ceux et celles qui prennent au sérieux le message chrétien en s'engageant au service de toute personne humaine tout en se laissant tourmenter par la question : «  Mais qui donc est ce Dieu dont le règne approche ?  »

Encore quelques mots sur la moisson que Jésus prévoit abondante. Il déplore le petit nombre d'ouvriers - crise des vocations ! - Il faut dire qu'il les envoie au casse-pipe, «  comme des agneaux au milieu des loups  » et dépourvus de tous moyens matériels : pas de valise ni de compte en banque ni de bavardage inutile ! Seulement un petit sac contenant - mais cela l'évangile ne le dit pas ! - les trois vertus théologales de foi, d'espérance et de charité, auxquels notre professeur de théologie ajoutait : l'humilité ! Voilà l'équipement de l'Apôtre. Ces vertus font de tout ouvrier du Christ,
 un moissonneur docile entre les mains du Maître de la moisson, ce Dieu merveilleux dont le règne s'approche et qui, aux dires d'Isaïe, va nous «  choyer sur ses genoux  ». AMEN 

 

Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve

Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l'aimez ! Avec elle, soyez pleins d'allégresse, vous tous qui la pleuriez !

Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l'abondance de sa gloire. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre c?ur sera dans l'allégresse ; et vos os revivront comme l'herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

- Parole du Seigneur.

Is 66, 10-14c

Acclamez Dieu, toute la terre ; fêtez la gloire de son nom, glorifiez-le en célébrant sa louange. Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi, elle chante pour toi, elle chante pour ton nom. Venez et voyez les hauts faits de Dieu, ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme : ils passèrent le fleuve à pied sec. De là, cette joie qu'il nous donne. Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu : je vous dirai ce qu'il a fait pour mon âme ; Béni soit Dieu qui n'a pas écarté ma prière, ni détourné de moi son amour !

Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus

Frères, pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n'est pas d'être circoncis ou incirconcis, c'est d'être une création nouvelle. Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l'Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

- Parole du Seigneur.

Ga 6, 14-18

Votre paix ira reposer sur lui

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : ?Paix à cette maison.' S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous sert ; car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s'y trouvent et dites-leur : ?Le règne de Dieu s'est approché de vous.' »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 10, 1-9