Homélie du 14 décembre 2025

 Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? 

3ème Dimanche de l'Avent, de Gaudete (semaine III du Psautier) - Année A

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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Frères et Sœurs, sommes-nous voués à vivre à contre-courant ?


Appliquerons-nous la méthode Coué : «  Je veux être patient, endurant, humble, joyeux !  » Allons-nous jeter à la poubelle Smartphones et journaux en nous contentant, de croire au Père Noël ?


 Le temps de l'Avent nous invite à une attitude toute autre. Il nous parle de quelqu'un d'exceptionnel, Jean le Baptiste : simplement vêtu et sobre dans le manger -rappelez-vous les chameaux et les sauterelles de dimanche dernier ! - toute la grandeur de Jean est à l'intérieur : Il prépare le chemin à Quelqu'un d'inimaginablement plus grand que lui.


 Préparer le chemin ? Un chemin qui, -nous sommes mis au courant constamment - est encombré de toutes les détresses et toutes les déviations du monde. Ça c'est un fait, bien sûr ! Mais qu'apprenons-nous ? 
Que Quelqu'un est passé par là et du coup :


des aveugles voient, des lépreux sont purifiés, des morts ressuscitent, bref : tous les maux du monde sont guéris, et à la clef : la Bonne Nouvelle est proposée aux pauvres, les riches n'étant pas prêts à entendre les belles promesses. Contraste donc entre catastrophe et bonheur, froid scepticisme et accueil patient et joyeux.


 Dans le numéro du 3 décembre de la Revue bruxelloise Bruzz, je trouve un parallélisme frappant avec la liturgie de la Parole d'aujourd'hui.


 En contrepoint avec la situation critique où se trouve l'administration de la Capitale, le journal publie 25 témoignages de Bruxellois affirmant leur attachement à leur ville et leur plaisir d'y vivre. 
 Le rédacteur en chef remarque d'abord que la vie dans une cité d'un million d'habitants ne va pas s'arrêter sous prétexte qu'une poignée de politiciens n'arrivent plus ni à communiquer ni à trouver des compromis : ensuite, c'est comme s'il reprenait les paroles du Prophète : «  Ne vous affolez pas, soyez forts, ne craignez pas !  » 
 Et d'inviter les lecteurs à répondre à la question : «  Qu'est-ce qui vous rend encore fiers d'être bruxellois ?  »


Les réponses ne sont pas faites attendre :

  • «  Je vais m'engager pour la ville avec amour et respect pour les autres...  ».
  • «  Bruxelles est belle, vivante, sociale...  ».
  • «  Bruxelles a sauvé ma vie  ».
  • «  Ici je peux être qui je suis  ».
  • « Bruxelles est un foyer pour tant de gens issus d'horizons divers  ». etc....


 Ces témoignages sont éloquents, sinon émouvants. Ils nous interpellent 
en tant que chrétiens à qui Isaïe s'adresse ce dimanche en affirmant que l'affolement n'est pas de mise : «  Soyez forts, ne paniquez pas, voici votre Dieu !  Dieu lui-même vient vous sauver.  » Et ce salut annoncé par le prophète va culminer en Celui que le Baptiste vient désigner : le Christ Sauveur !


 En effet, Il y a quelque chose de détraqué : inutile de le nier : nous avons besoin d'être sauvés : oui, nous sommes sourds, muets, aveugles : «  c'est ma très grande faute,  » disait l'ancien confiteor avant la messe : ce n'est pas de la culpabilisation mais de l'humble réalisme, qui permet alors de rebondir dans un joyeux acte de foi : ce n'est pas pour rien que nous avons chanté avec le psaume 145 : «  Le Seigneur délie, redresse, soutient, libère, et encore, dans les mots d'Isaïe : «  Douleur et plainte s'en iront  ».


 Ce n'est pas une démarche habituelle ! Nous ne sommes pas appelés à l'autosatisfaction, ni au scepticisme démobilisateur mais à la fermeté et à l'humble patience (macrothymie), comme le cultivateur, car la venue du Seigneur est proche.


 Face au monde, Il n'est pas interdit d'avoir peur, mais n'oublions pas que nous sommes sauvés, que la tendresse de Dieu est à notre portée :


Les sacrements de l'Eglise, sont-ils autre chose que cela ? Chacun d'eux est un signe de la proximité d'un Dieu tendre et aimant qui ne nous demande pas d'être attachés à des valeurs aussi belles soient-elles mais attachés à une personne divine qui nous aime chacun personnellement à la folie.


 Terminons par quelques lignes d'un sermon de St. John-Henry Newman pour le temps de Noël : «  En ce temps de l'année, on nous remet simplement en mémoire les dons de Dieu à notre égard : «  Il nous a sauvés, non par œuvres de justice que nous avons accomplies mais par sa miséricorde. Nous venons pour expérimenter les bontés de Dieu. Nous venons pour être rétablis, guéris. C'est un temps d'innocence, de pureté, de douceur, de contentement, de paix.


 Que chaque Noël nous trouve de plus en plus semblables au Christ, qui en ce moment s'est fait pour nous petit enfant. Que Noël nous trouve plus simples, plus humbles, plus saints, plus tendres, plus affectueux, plus heureux, plus remplis de Dieu.  » Pas question d'affolement mais de confiance.

Amen !


 

Dieu vient lui-même et va vous sauver

Le désert et la terre de la soif, qu'ils se réjouissent ! Le pays aride, qu'il exulte et fleurisse comme la rose, qu'il se couvre de fleurs des champs, qu'il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s'affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s'ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ceux qu'a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l'éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s'enfuient.

- Parole du Seigneur.

Is 35, 1-6a.10

Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l'étranger, il soutient la veuve et l'orphelin. D'âge en âge, le Seigneur régnera.

Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a

Tenez ferme vos c?urs car la venue du Seigneur est proche

Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu'à ce qu'il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d'endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

- Parole du Seigneur.

Jc 5, 7-10

Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des ?uvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

Tandis que les envoyés de Jean s'en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu'êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu'êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu'êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu'un prophète. C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d'une femme, personne ne s'est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 11, 2-11