Homélie du 2 novembre 2025

Celui qui croit le Fils a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour

Commémoration de tous les fidèles défunts, lectures au choix dans le rituel des funérailles -

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Bienvenue à vous tous chères sœurs, chers frères en ce dimanche qui coïncide cette année avec le jour de la Commémoration de tous les fidèles défunts.

Hier nous chantions les béatitudes de Matthieu pour la fête de tous les saints. Aujourd'hui nous avons chanté : Heureux les morts... heureux les corps..., heureux les cœurs... Heureux l'amour...

Les béatitudes matthéennes concernent les vivants, les saints qui sont parmi nous aussi bien que dans les cieux, dans la grande communion des saints. Aujourd'hui n'est-ce pas un peu la même chose : les défunts vivent avec nous et nous communions à leur espace spirituel inépuisable. Une grande béatitude unit le ciel et la terre. Le grand livre qui boucle notre bible chrétienne, le livre de l'Apocalypse, contient également sept béatitudes. A chaque eucharistie au moment qui introduit la communion proprement dite, on entend une des sept : «  Heureux les invités au repas de l'Agneau, le repas du Seigneur !  » Gardons le cœur ouvert de la terre vers le ciel, et de l'éternité céleste vers le quotidien de l'ici et maintenant. Une grande béatitude nous enveloppe et nous unit, elle a sa source dans l'acte d'Amour qui nous vient de Dieu quand il a ressuscité son fils.

Regardons tout ce qui dans cet espace nous entoure et assure la continuité entre hier et aujourd'hui : la même icône de tous les saints autour de la Vierge Marie est toujours là, la croix au centre célèbre aussi la descente aux enfers du Christ pour en tirer Adam et Eve et tous les défunts pour les conduire dans la gloire au-delà de son ascension dans le ciel. Et les fleurs sur l'autel et dans l'abside sont les mêmes qu'hier : une splendeur de vie en rouge foncé, signe de vie qui est allée jusqu'à se donner au-delà de tout.

Invoquons le Seigneur des vivants et des morts et supplions :

Seigneur Jésus, qui nous as précédés dans la souffrance et la mort jusque dans la gloire du Royaume de Dieu, Seigneur, prends pitié.

O Christ, venu avec un message d'amour plus fort que la mort.

Seigneur, élevé à la droite du Père, tu intercèdes sans cesse pour nous tous, Seigneur pr. pitié.

Homélie

Chers frères et sœurs, la liturgie de la Parole a commencé avec cette vision remarquable qu'on trouve dans Isaïe. Un banquet, un festin éclatant sur la montagne, organisé par Dieu lui-même : «  il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples, le linceul ! il fera disparaître la mort, il essuiera les larmes sur tous les visages ! Voici notre Dieu en qui nous espérions. Il nous a sauvés, il nous a sauvés !  » Quelle audace chez ce prophète et combien de fois cette vision n'a-t-elle pas été reprise dans la Bible elle-même, dans l'évangile, et dans l'apocalypse johannique. Toutes les larmes sur les visages, il les essuiera... Quel contraste avec l'intransigeance de ceux qui continuent à tuer aujourd'hui alors que tous aspirent au cessez-le-feu et à une paix durable... Notre Dieu veut la fête ! il veut la réconciliation, il veut une fraternité universelle.

Le psaume que nous avons chanté aussitôt après cela, enchaîne : «  J'y crois ! je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants  ». Et celui qui chante ces versets ce sont les vivants et les morts, le vivant au nom de tous les morts aujourd'hui. C'est là toute la force de notre prière qui est habitée de confiance, d'espérance, d'un amour victorieux des puissances du mal et de la mort. «  C'est ta face que je cherche  », dit le psalmiste. Et une voix finit en disant : «  Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur !  ». La Bible nous donne des refrains qui anticipent sur la victoire assurée en Dieu : «  Il nous a sauvés ! en Christ Jésus, dont le nom ne dit rien d'autre que cela : «  Dieu sauve  » !

Vient alors le texte de saint Paul aux Romains. Il arrive au bout de huit chapitres et reprend souffle : «  Que dire encore ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Rien ni personne, aucune menace, aucune arme, aucun danger, aucune puissance ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous porte en Jésus son fils !  »

«  Ni la mort ni la vie, absolument rien ne pourra vaincre ni nous séparer de l'amour de Dieu ! Paul nomme d'abord sept réalités et puis encore dix qui peuvent nous inspirer de la peur, mais il a rencontré un plus fort, un amour victorieux : «  nous sommes super-vainqueurs  », dit-il à la lettre «  par celui qui nous a aimés  ».

Comme il est précieux d'entendre cette voix aujourd'hui. Nos médias crient de tout mais ce que le prophète d'abord, puis le psalmiste et enfin l'apôtre nous crient aujourd'hui, est tout à fait unique ! C'est de l'inespéré !

Vient alors Jésus, le Verbe même dont Saint-Jean dans la quatrième évangile nous raconte sa descente dans la chair. Aujourd'hui Jésus marche vers la mort. Il quitte son refuge au-delà du Jourdain et revient vers la Judée. Il rencontre les deux amies, les sœurs de Lazare. Elles lui ont envoyé est message qui continue de nous prendre à la gorge : «  Seigneur, celui que tu aimes est malade  ». C'est notre prière chaque fois que nous assistons impuissants à la maladie inguérissable d'un proche : «  celui que tu aimes est malade...  » Et quand il arrive, c'est déjà trop tard. Lazare est mort, depuis quatre jours. On entend les deux sœurs lui dire maintenant, l'une après l'autre : «  Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort  ». Cela aussi nous prend à la gorge. Même Jésus en sera affecté, car voyant les larmes de Marie et de tous ceux qui l'entourent, «  il frémit en son esprit, et fut tout ému  ». Le Verbe qui était auprès de Dieu est descendu, et s'est fait chair parmi nous. On le verra frémir une seconde fois, et même pleurer. quand arrivé près de la tombe de Lazare, il entendra Marthe lui dire : «  C'est déjà le quatrième jour. Il sent déjà  ».

Ce même Jésus avait dit à Martha peu avant : «  Ton frère ressuscitera !  » Et ne doute pas : «  Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi ne mourra jamais !  » En saint Jean on est confronté à toute la profondeur de la présence du Christ : il est à la fois humain et divin, Verbe auprès de Dieu avant le temps et Verbe fait chair ici et maintenant. Or dans cette chair «  nous avons vu sa gloire, gloire qu'il tenait de Dieu son Père, dit l'évangéliste dès le prologue de son évangile.

Chères sœurs, chers frères, Accueillons toute la plénitude de la parole de Dieu, en Isaïe, en Paul, en Jean. Accueillons et vivons bien la mémoire, la commémoration de nos chers défunts. Ceux de l'année 2025, proches ou lointains, même ces milliers de morts en Russie, en Ukraine, à Gaza, au Nord du Soudan, à l'Est du Congo, encore chaque jour... Pensons aux parents tout proches qui nous ont quittés il y a à peine quelques jours ou quelques mois : leur espace spirituel participe à la grande communion des saints que nous avons célébrée hier. Se souvenir d'eux c'est communier à leur cran, leur liberté, leur témoignage de vie toute donnée jusqu'au bout. Tôt au tard nous irons les rejoindre, pour communier à la même fête.

J'aimerais terminer avec une autre vision qu'une âme isolée dans sa réclusion nous a racontée, à la fin du 14e siècle à Norwich en Angleterre. Elle a vu le Christ suspendu à la croix et un échange a eu lieu avec lui. A un moment donné Jésus lui propose d'entrer du regard par sa plaie dans son côté, si elle veut bien. Elle acquiesce et entre. Et qu'est-ce qu'elle voit ? dans cette fente s'ouvre à elle une immense salle de fête lumineuse. Et tous y sont, depuis la création du monde jusqu'à la fin des siècles. Personne n'est exclu. La fête de lumière concerne toute l'humanité, depuis Adam et Ève.

Laissons cette vision qui rejoint la vision d'Isaïe 25 et la fin de l'Apocalypse johannique, nous remplir le cœur, nous réconforter, essuyer toutes les larmes sur nos visages et renouveler notre goût de vivre et de marcher à la suite de ce Jésus qui nous dit : «  Je suis la résurrection. Je suis la Vie  ». Amen.

 

Comme une offrande parfaite, il les accueille

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n'a de prise sur eux. Aux yeux de l'insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur, et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix. Au regard des hommes, ils ont subi un châtiment, mais l'espérance de l'immortalité les comblait. Après de faibles peines, de grands bienfaits les attendent, car Dieu les a mis à l'épreuve et trouvés dignes de lui. Comme l'or au creuset, il les a éprouvés ; comme une offrande parfaite, il les accueille. Au temps de sa visite, ils resplendiront : comme l'étincelle qui court sur la paille, ils avancent. Ils jugeront les nations, ils auront pouvoir sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux pour les siècles. Qui met en lui sa foi comprendra la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront, dans l'amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus.

- Parole du Seigneur.

Sg 3, 1-6.9

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?

J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m'attacher à son temple.

Écoute, Seigneur, je t'appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon c?ur m'a redit ta parole : « Cherchez ma face. » C'est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face.

Mais j'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »

26 (27), 1, 4, 7-9a, 13-14

La mort a été engloutie dans la victoire

Frères, c'est un mystère que je vous annonce : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, et cela en un instant, en un clin d'?il, quand, à la fin, la trompette retentira. Car elle retentira, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être périssable que nous sommes revête ce qui est impérissable ; il faut que cet être mortel revête l'immortalité. Et quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet être mortel aura revêtu l'immortalité, alors se réalisera la parole de l'Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô Mort, où est ta victoire ? Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ? L'aiguillon de la mort, c'est le péché ; ce qui donne force au péché, c'est la Loi. Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.

- Parole du Seigneur.

1 Co 15, 51-57