Homélie du 16 novembre 2025

«  Quand vous entendrez parler de désordres...ne soyez pas terrifiés...  ». 
Quelques siècles plus tôt, le prophète Jérémie se plaignait : « Chaque fois que j'ai à dire la parole, je dois crier «  Violence et ruine !  ». La Parole du Seigneur a été pour moi opprobre et raillerie chaque jour. Je me disais : je ne penserai plus à Lui, je ne parlerai plus en son nom. (Jér.20, 8)


A la suite du prophète, le prédicateur du dimanche serait-il un trouble-fête ? Ou bien, serait-il appelé à cette curieuse vocation de devoir proférer une parole qui le dépasse absolument, une parole déconcertante, paradoxale, comme celle d'aujourd'hui : «  Il y aura des phénomènes effrayants, vous serez détestés de tous  à cause de mon Nom.  » Heureusement il y a un mais :
«  Pas un seul cheveu de votre tête ne sera perdu, votre persévérance vous obtiendra la vie.  »


Qu'avons-nous besoin de la Bible pour parler de malheur ou du mal tout court ? 
Tout est là, dans nos journaux parlés, télévisés ou imprimés. Rien de nouveau sous le soleil sauf que, si, selon Malachie, les arrogants seront consumés comme la paille et déracinés, le Soleil de justice apportera la guérison à ceux qui aiment le nom du Seigneur et que ceux qui sont malmenés de toutes manières à cause de leur attachement au nom du Seigneur, n'auront pas à se préoccuper : pas un cheveu de leur tête ne sera perdu !


Que conclure de cela ? N'est-ce pas un peu indécent ou naïf et hors de propos de chanter avec le psalmiste :  

«  Jouez pour le Seigneur, acclamez-le


Que les montagnes chantent leur joie ! »


Quel est ce Jésus qui semble à la fois répressif et encourageant et qui, nous l'entendions dimanche dernier, prédit la destruction du Temple et, dans la foulée, parle de sa reconstruction en Trois jours ?


Mystérieux contraste entre ceux qui viennent au Nom de Dieu en promettant monts et merveilles, et le Dieu de Jésus, témoin du monde chaotique, pécheur et souffrant, qui vole au secours des vrais témoins de son amour en les invitant à la persévérance et la confiance.


A propos de la persévérance -proche de la patience- un disciple de Jean Chrysostome, Nil d'Ancyre, écrivait, il y a quelques 1500 ans : «  La patience la paix au milieu des guerres, la sécurité parmi les complots et les dangers, rend celui qui la met en pratique plus résistant que l'acier. 
Ni les armes, ni l'approche ses machines de guerre, ni les sombres troupes des puissances hostiles, ni le diable en personne, ne pourra infliger aucun mal à celui qui a acquis cette vertu de patience par la grâce du Christ.  » 
 En remontant encore plus haut dans le temps, Confucius a, lui aussi, son mot à dire à propos de la persévérance : «  Elle peut avancer lentement mais elle n'interrompt jamais l'ouvrage qu'elle a commencé et produit enfin de grandes choses. Elle vient à bout de tout. La goutte d'eau finit par faire un trou dans la pierre.  »


En guise de conclusion il y a une parole de Jésus qui depuis des années a été adoptée par tout le monde francophone, de toute couleur ou conviction : « Pas de souci !  »
C'est à tout bout de champ que cette petite phrase est utilisée. Respectons les droits d'auteur en écoutant son inventeur : « Ayez à cœur de ne pas vous préoccuper de votre défense, c'est Moi qui vous donnerai un langage et une sagesse. » 


Justement, il y a quelques jours, le livre de la Sagesse décrivait la sagesse de Dieu dans des termes qui semblent si différents de notre lecture des événements du monde : «  La Sagesse gouverne l'univers avec douceur »! (Sg.8,1) 


Quelle exigence, pour nous chrétiens, de penser, de parler, d'agir avec douceur ! C'est si différent, encore une fois de ce que je ressens au fond de moi-même et de ce qui se passe sur la scène du monde. Ce n'est pas une chose à fabriquer mais un don, un grâce à recevoir, humblement. 


Pas de souci ! Oui ! Le seul souci étant de s'ouvrir à la grâce d'En-Haut non pour se tourner les pouces mais pour devenir des «  supervivants  » (Chesterton).


Voici sans doute le moment ou jamais de reprendre la prière du sage Roi Salomon : «  Seigneur, donne-moi la sagesse assise près de Toi  ». Et tout à l'heure, notre prière intérieure pourrait être : «  Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, toi, l'Agneau doux et humble de cœur, mais dis seulement une parole et Tu apporteras à ton Eglise la guérison dans ton rayonnement !

AMEN !