Homélie du 16 fevrier 2025

 Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! 

6ème dimanche du Temps Ordinaire (semaine II du Psautier) - Année C

Une homélie de fr. Martin Neyt

Homélie :
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Les Béatitudes

Les Béatitudes sont un chemin de bonheur dont le tracé est suggéré par tout un ensemble d'attitudes du cœur (pauvreté , simplicité, confiance), de comportements à l'égard d'autruis (miséricorde, volonté de paix), de situations difficiles (épreuves, persécutions). Nous les trouvons dans l'Evangile de St Matthieu et aujourd'hui dans celui de St Luc qui relie quatre béatitudes à quatre malheurs. L'identité de Jésus transparaît dans chacune des Béatitudes. Chacune d'entre elles manifeste la vie divine qui l'anime et reflète le cœur de la compassion du Très-Haut.

Les Béatitudes, telles qu'elles sont rapportées dans l'Evangile selon St Luc, incarnent une promesse de consolation et de bénédiction divine pour ceux qui souffrent, qui ont faim et soif de justice et pour ceux qui sont persécutés à cause de leur foi. Elles résonnent profondément avec les paroles issues de l'oracle du second Isaîe (61. 1-3 et chap. 55. ) où le prophète déclare que l'Esprit du Seigneur est sur lui, pour annoncer une bonne nouvelle où pauvres, affligés et persécutés seront libérés et guéris. Pour rappel, à la synagogue de Nazareth, Jésus proclame que cette parole s'accomplit avec sa venue. Jésus, comme Messie, nous appelle à changer notre manière de voir le monde, à comprendre que la vraie richesse réside dans la relation à Dieu et la venue de son Royaume. Celui-ci renverse nos valeurs humaines. Il place les pauvres, les opprimés et les accusés au centre de son projet de rédemption. Que signifie le sens des malheurs formulés par Jésus et rapportés chez saint Luc ? En grec, le mot utilisé pour malheureux est « ouai ». Ce terme qui signifie « hélas » adoucit la traduction généralement retenue dans l'évangile. En effet , ici, Jésus exprime plus sa désolation et sa réprobation devant l'attitude dure et sans cœur de certains hommes fortunés. Ensuite, St Luc met l'accent sur la radicalité de l'appel à la conversion et présente une vision plus critique de l'acquisition des biens matériels. Dans ce sens, les richesses mal utilisées peuvent conduire à l'orgueil et à l'indifférence voir à l'arrogance et aux ricanements traduits ici dans l'évangile par les rires des riches. Ceux-ci ont tendance, de fait, à se couper de la recherche du salut, se croyant autosuffisants et ignoran les besoins des autres. Les malheurs prononcés chez Luc ne sont pas une condamnation définitive mais un avertissement clair. Les riches, comme les autres, sont invités à se tourner vers Dieu et à reconnaître que tout vient de Lui.

Cet idéal de vie se retrouve dans les Actes des Apôtres à propos de la communauté des croyants de Jérusalem. « Ils étaient assidus à l'enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières,...ils étaient unis et mettaient tout en commun » (Act 2. 42-43). Les premiers chrétiens entrent dans le temps de Dieu que porte chaque béatitude : l'urgence de l'aujourd'hui et du maintenant. Ils ont compris que la promesse du salut s'inscrit dans la réalité actuelle.

Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiez.

Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.

Le moment présent est celui qui est offert par Jésus déjà aujourd'hui par celui qui le suit, mais aussi il est irrémédiablement perdu par ceux qui l'ont refusé. Le renversement des valeurs a pour but de faire réfléchir, de bousculer les pensées établies. Il n'est pas question de se sentir coupable mais de rechercher une éthique supérieure. C'est l'aurore éclatante du Bonheur qui vient. Ce qui est exigé c'est une attitude inspirée par l'Eternel, devenir libres et dans la mesure de cette liberté, aimer, découvrir l'amour de Dieu et de son prochain.

Toutes les Béatitudes et les malédictions sont divisées en deux temps : le temps présent, l'aujourd'hui qui est encore le nôtre, exprimée par le terme « maintenant » et puis l'entrée dans la perspective du salut , dans l'advenir du Royaume de Dieu dans une perspective eschatologique. Alors que le bonheur est promis dans les Béatitudes, il est suspendu dans ce que nous appelons communément les malédictions ou les malheurs.

Le Seigneur nous exhorte à nous réjouir dans la mesure où nous lui restons fidèles, appelés à accomplir Sa volonté.

Il nous appelle à vivre en communion et en esprit de fraternité les uns avec les autres. Unis dans une joie profonde , il nous promet dès ici-bas la venue de son Royaume, invités à vivre selon ses préceptes, soucieux de partager dans la joie et la tristesse , la vie de chacun d'entre nous.

Convertissez-vous, n'ayez pas peur, Jésus est présent chaque jour à nos côtés dans tous les moments heureux et douloureux de notre existence. Il nous reçoit à sa table et nous relève pour toujours.

 

Maudit soit l'homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l'homme qui met sa foi dans le Seigneur

Ainsi parle le Seigneur :

Maudit soit l'homme qui met sa foi dans un mortel, qui s'appuie sur un être de chair, tandis que son c?ur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable.

Béni soit l'homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L'année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.

- Parole du Seigneur.

Jr 17, 5-8

Heureux est l'homme qui n'entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit !

Il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu'il entreprend réussira. Tel n'est pas le sort des méchants.

Mais ils sont comme la paille balayée par le vent. Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra.

Ps 1, 1-2, 3, 4.6

Si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est sans valeur

Frères, nous proclamons que le Christ est ressuscité d'entre les morts ; alors, comment certains d'entre vous peuvent-ils affirmer qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l'emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ! le Christ est ressuscité d'entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.

- Parole du Seigneur.

1 Co 15, 12.16-20

Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches !

En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s'arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 6, 17.20-26