Une homélie de fr. Grégoire Maertens
L'octave de Pâques se termine Avons-nous chanté assez d' « alléluias » ou bien ont-ils parfois sonné faux parmi les lamentations relayées par les médias du monde ? Ni l'un ni l'autre. Les évangiles proclamant Jésus ressuscité n'ont pas empêché les canons de tonner. Par ailleurs, les abus et scandales de toutes sortes n'ont pas dissuadé des centaines d'adultes de demander le Baptême en France et en Belgique. Des gens qui n'ont pas vu - comme l'Apôtre Thomas - mais qui ont cru. Car c'est de foi qu'il s'agit en ce dimanche : « Ne sois pas incrédule mais croyant ! »
En effet, on ne nous appelle pas des « voyants » mais des « croyants », invités à croire que Jésus est le Messie annoncé : « Par la bouche de tous les prophètes, Dieu a annoncé que son Messie souffrirait... » (Ac 3, 18) « Tous les prophètes, depuis Samuel et ses successeurs, ont annoncé les jours où nous sommes »... (ib.3, 24). « Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes... (Lc 24, 44). Le Dieu dont il est question, le prophète Osée le présente comme celui qui entoure son épouse de tendresse : « Je vais parler à son cœur, je te fiancerai à moi dans la justice et le droit, dans la tendresse et dans l'amour ... » (Os 2, 21)
Et Jésus lui-même, que dit-il ? il ne cesse de témoigner, en paroles et en actes, qu'on ne peut pas prendre Dieu son Père, en défaut, que son seul souci est notre bien : « Rendez grâce au Seigneur car il est bon, éternel est son amour ! », avons-nous chanté des dizaines de fois pendant la nuit de Pâques et une hymne de l'Office de mardi dernier le disait d'une autre manière : « Tout l'univers remonte au jour, capable enfin de t'appeler amour ». Que c'est parfois difficile de croire que Dieu n'a d'autre nom que celui-là !
Le chrétien n'est pas appelé à la naïveté, à la crédulité, à croire à n'importe quoi, n'importe qui, mais au Père de Jésus-Christ, ce Dieu bon et miséricordieux, débarrassé des oripeaux dont des siècles d'histoire et de fausses idées l'ont affublés. Le chrétien n'est pas seulement appelé a croire en ce Dieu-là mais à l'aimer : cela, c'est une autre paire de manches !
Cette miséricorde que le Pape François a demandé de célébrer en ce dimanche est appelée à déborder dans le quotidien de la vie des chrétiens. Elle est présente en filigrane dans la lecture des Actes de Apôtres qui préfigure, me semble-t-il, bien des intuitions qui ont cours aujourd'hui : partage des biens et des lieux de vie, lutte contre le gaspillage et le jet à la poubelle de tonnes de vivres comestibles, invitation à n'avoir qu'un seul cœur et une seule âme.
Répondant récemment à une interview dans le Journal du Dimanche, le philosophe Emmanuel Tourpe dénonce vertement les travers de notre vie chrétienne et affirme sans détours que nous avons abandonné, pour ainsi dire, notre image de marque de disciples de Jésus : « Les chrétiens devraient être reconnus pour leur amour : ce n'est pas le cas. » Et d'ajouter : « L'amour chrétien se révèle à travers différentes profondeurs ; il y en a une où nous sommes très forts, c'est l'amour des pauvres, la charité ; mais il a aussi l'amour des soi-même, du prochain, de l'ennemi. Regardez, dit-il encore, notre incapacité d'aborder le moindre sujet d'Eglise sans nous déchirer, d'en arriver à haïr des gens qui ne pensent pas comme nous.
Je suis fort interpellé par le contenu de cet interview qui colle fort au message de ce jour : si à la suite de Thomas, nous sommes invités à croire sans voir, à espérer avec persévérance, ne sommes-nous pas poussés par-dessus tout à célébrer la miséricorde de Dieu en L'aimant à notre tour ? Et en aimant chacune de ses créatures ? Aurons-nous une pensée priante pour les grands de ce monde, de tous bords ? pour nos responsables politiques, de toutes convictions ? s'agit-il là de naïveté ou de réalisme chrétien ? Peut-être nos conversations changeront-elles de ton et qu'on nous reconnaitra pour chrétiens, non parce que nous connaissons le credo sur le bout des doigts mais parce que l'amour règnera parmi nous et sera contagieux.
« Notre Père qui es charitéque soit reconnue ta bontéque ton amour soit accueillita tendresse, appréciéepar les anges et les humains.Donne-nous aujourd'hui ton pain de bontéPardonne-nous de ne pas aimercomme nous pardonnons à ceux qui nous ont négligés,et garde-nous d'être tentésde manquer à nos devoirs d'humanité.Car c'est à Toi qu'appartiennentla bonté, la douceur, la tendressemaintenant et pour l'éternité.Amen ! »
AMEN !
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul c?ur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C'est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d'entre eux n'était dans l'indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
- Parole du Seigneur.
Ac 4, 32-35
Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour ! Que le dise la maison d'Aaron : Éternel est son amour ! Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur. Il m'a frappé, le Seigneur, il m'a frappé, mais sans me livrer à la mort.
La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle : c'est là l'?uvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !
117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24
Bien-aimés, celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.
Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l'amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c'est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N'est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
C'est lui, Jésus Christ, qui est venu par l'eau et par le sang : non pas seulement avec l'eau, mais avec l'eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c'est l'Esprit, car l'Esprit est la vérité.
- Parole du Seigneur.
1 Jn 5, 1-6
C'était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l'un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Jn 20, 19-31