Homélie du 28 décembre 2025

 Prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte 

La Sainte Famille - Année A

Une homélie de fr. Yves de patoul

Homélie :
avancez jusqu'à  00' 00"

Dimanche dernier Fr. Grégoire, annonçant les éphémérides de la semaine, nous souhaitait déjà à tous «  bonne fête  » en ce dimanche de la Sainte Famille.

Dans le changement d'époque que nous vivons, fêter la Sainte Famille relève un peu de la provocation ... La Bible regorge de généalogies mélangées, d'histoires familiale tordues, de séparations et de ruptures.

S'il est une réalité sociale aujourd'hui chahutée et en pleine mutation, c'est bien la vie familiale ! Il suffit de rappeler quelques chiffres clés de cette évolution en Europe :

Plus d'1 enfant sur 2 naît hors mariage.

Plus de 1 mariage sur 2 se termine par un divorce, et combien de séparations de couples non mariés (1 sur 3)

1 avortement pour 4 naissances

1 couple sur 4 vit en concubinage, hors contrat (donc hors mariage, hors Pacs).

1 famille sur 4 est monoparentale, ce sont essentiellement des femmes seules avec enfant (avec la précarité que cela engendre).

Mais quelle géométrie variable ! Et combien de solitudes ... D'autres diront «  mais quelle richesse dans les familles recomposées  ».

Vivre à deux avec des enfants peut aujourd'hui se faire de multiples façons, et évoluer tout au long d'une existence. Et pourtant, la famille reste en tête de toutes les valeurs préférées dans les sondages d'opinion. Et c'est une bonne nouvelle ! Noël est la fête des familles réunies.

Nos familles chrétiennes sont construites dans une vie familiale qui s'épanouit sous le regard de Dieu et dans l'amour du Christ.

Dans les deux premières lectures du jour, tant Ben Sira le Sage que saint Paul nous exhortent à mener une vie familiale épanouissante dans l'amour, le respect, la joie, la compassion intergénérationnelle, la miséricorde.

De son côté, saint Matthieu, lui, nous parle de la responsabilité familiale qui incombe à Joseph : Que faire ? Où aller ? Où partir ? Où migrer ? Mais quelle actualité !

Pourquoi désespérer de nos familles, telles quelles sont ? On peut se poser la question «  Avons-nous la nostalgie d'un âge d'or familial qui s'effrite ?  ».

La famille change, c'est sûr ! Mais la bonne nouvelle, c'est la capacité de nos familles, d'hier et d'aujourd'hui, à assumer l'éducation de leurs enfants. Éducation civile et civique d'une part, et transmission de la foi.

Joseph et Marie  ont été confrontés à la première crise de croissance de leur enfant déjà adolescent. Jésus avait 12 ans. Toutes nos familles sont passées par là.

La transmission de la foi souligne que celle-ci ne se fait pas par propagande mais par le témoignage d'une vie vécue dans l'amour, la joie et le service, en cohérence avec l'Évangile. Il s'agit de partager un trésor reçu, non d'imposer une idéologie.

Dans ce domaine, notre propre exemple familial est simple mais a été compliqué par des nombreuses années de vie à l'étranger dans des pays de culture différente, et de religion différente.

Comment accepter, nous parents, qu'en maternelle le spectacle de la fête de Noël à l'école est une danse de Tahiti, paillettes à la clé ? C'était dans le grand nord en Norvège. Sur un autre continent, nos enfants ont accepté facilement que la classe commence le dimanche, ils sont dans un pays musulman, en Jordanie. Que dire quand un petit-enfant nous dit qu'à Bruxelles son professeur de religion proclame qu'il ne croit pas à la résurrection ? Dans une école catholique.

Le rôle des parents est primordial, dès la petite enfance. Lire des livres aux enfants, leur expliquer simplement l'histoire sainte. Laisser mûrir tout cela. Notre rôle de grands-parents est très important aussi. Ne pas juger, témoigner et discuter avec les petits-enfants est si enrichissant, pour eux, et pour nous.

Les activités de catéchisme dans les paroisses et écoles sont importantes, nous les avons pratiquées. À Ottignies, en Norvège, au Congo, en Jordanie ....

Les mouvements de jeunesse dans des organisations bien structurées et spirituellement encadrées peuvent être des vecteurs d'une vie chrétienne communautaire.

Il est important de souligner que la transmission de la foi n'est pas l'apanage seul de nous-mêmes, et de vous tous ici, vous les familles.

Nos églises se vident, on n'y voit plus ou peu de familles avec enfants, les célébrations ennuient. Alors, constat d'échec de nous-mêmes, parents ou grands-parents ? Facile à dire, mais pas totalement justifié quand on nous dit : vous avez failli, du coup vos enfants ne viennent plus, vos beaux témoignages ne tiennent plus la route ...

Et si nos enfants ou petits-enfants ne sont pas ici, que de belles choses ils ne font pas ailleurs, forts du témoignage chrétien transmis : en tant que chefs scouts, en pèlerinage à Lourdes avec les malades, en session à Taizé, en visite à Rome, aux JMJ ou ailleurs ... Près de 15 000 jeunes sont depuis ce matin jusqu'au 1er janvier à Paris pour les rencontres de Taizé. Fiers de porter leur foi.

Il importe aussi aux paroisses et communautés de religieux et de laïcs de relayer et d'épauler les cellules familiales. Un dernier exemple : cet été, la communauté de Tibériade près de Beauraing a accueilli toute une après-midi les petits baladins emmenés par notre petit-fils. Et ces petit gars de 6 à 9 ans ont terminé cette journée par une adoration de 30 minutes dans la chapelle. Ils ont reçu en cadeau une petite croix qu'ils ont tous gardé accrochée à leur foulard jusqu'à la fin du camp.

Ces petits n'iront peut-être pas souvent à la messe du dimanche, mais le grain est semé.

Nous, les familles, nous partageons un trésor reçu, et nous n'imposons pas une idéologie.

Rendons la foi vivante et visible par nos actions, notre espérance face aux épreuves, et notre engagement pour la paix, afin que d'autres puissent à leur tour découvrir le Christ.

La foi se vit avant tout, elle n'est pas juste une profession verbale (le Credo), mais une manière d'être au monde.

Soyons joyeux dans le Christ, louons-le de tout notre cœur. Et rendons grâce au seigneur !

 

Celui qui craint le Seigneur honore ses parents

Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l'autorité de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.

Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l'abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.

- Parole du Seigneur.

Si 3, 2-6.12-14

Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier.

Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.

Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5

Vivre ensemble dans le Seigneur

Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l'amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos c?urs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l'action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos c?urs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c'est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n'exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.

- Parole du Seigneur.

Col 3, 12-21

Prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte

Après le départ des mages, voici que l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D'Égypte, j'ai appelé mon fils.

Après la mort d'Hérode, voici que l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et pars pour le pays d'Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l'enfant. » Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère, et il entra dans le pays d'Israël. Mais, apprenant qu'Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s'y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 2, 13-15.19-23