Homélie du 28 décembre 2023

Funérailles du Père Yves LECLEF OSB.

Dans la paix du Seigneur ressuscité notre frère Yves LECLEF moine-prêtre jubilaire est retourné à Dieu le 22 décembre 2023.

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
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Le Père Yves a demandé d'être enseveli dans son habit monastique, une tunique bénédictine comme celle dont le Père Abbé Théodore Nève l'avait revêtu, en octobre 1945. Il a voulu témoigner ainsi de la fidélité à ses premiers engagements, parce qu'il y a tenu, tout au long de sa longue vie, avec la grâce de Dieu. Nous avons déposé sur son cercueil un exemplaire de la Règle de saint Benoît, parce qu'il a toujours vécu dans cette tradition, «  par le chemin de l'évangile  ». Son engagement, il y a septante huit ans, est resté entier et il a surtout porté beaucoup de fruits. Sa vocation a été mise à l'épreuve, mais elle a ainsi pu s'approfondir.

Après son ordination sacerdotale, en 1952, le Père Abbé lui avait confié un travail à l'école abbatiale. Il avait pris goût à cette responsabilité auprès des élèves du Pavillon, - et ils sont nombreux à encore se souvenir de ce Père Marcellin, comme on l'appelait alors. Il y avait créé un beau climat de collaboration. Et puis, soudain, on l'a retiré de là, parce qu'il était nécessaire pour un travail à la cellérerie, pour la gestion et les finances de l'abbaye. Cette exigence d'obéissance a pour lui été une épreuve très dure ; c'était interrompre son travail pastoral de contacts, de présences, d'encouragement.

Mais voilà, dans cette charge, apparemment austère et distante, il a trouvé à mettre beaucoup d'humanité et d'encouragement évangélique. Il a trouvé sa manière à lui de vivre l'évangile dans une responsabilité administrative. Sa compétence en ces domaines lui a valu s d'être invité en différents secteurs de l'abbaye, de l'Ordre bénédictin et du diocèse. Mais précisément sa compétence n'était pas seulement technique, elle était profondément humaine. Il a pu nouer ainsi des contacts humains, amicaux avec tant de personnes dont devait s'occuper administrativement. C'était sa façon de réaliser sa vocation monastique, dans l'humilité et l'amour fraternel.

C'était sa façon de vivre l'évangile, plus précisément de vivre le texte d'évangile que je viens de lire, et de nous l'annoncer nouvellement.

Je remarque en effet : chaque fois qu'un frère de notre communauté décède, ou qu'une personne proche nous quitte, la séparation, la distance, ainsi créée permet de voir enfin toute sa personnalité, sa vraie personnalité, et ce qu'il avait à nous dire de plus important. Plus précisément encore, je constate que nous pouvons enfin voir aujourd'hui ce qu'il avait à nous révéler de l'évangile. Chacun a un message évangélique à transmettre. C'est donc à présent que le Père Yves qui nous annonce ce message du Christ : «  Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.  » Oui notre frère Yves est resté délibérément «  en tenue de service  ». Il n'a pas ambitionné de responsabilité de supérieur, mais il a accompli un service indispensable avec cette attention aux personnes que tous ont remarquée. Nous recevons ces jours-ci des témoignages venant du diocèse ou de l'Ordre bénédictin qui nous rappellent son charisme, sa remarquable attention à chacun. Et bien sûr, autour de nous, ils sont nombreux à se rappeler comment ils ou elles ont été sauvés de situations qui semblaient difficiles et même inextricables, situations administratives mais aussi professionnelles, familiales, simplement humaines. Nous ne pourrons pas oublier ces services, quelquefois providentiels.

Mais, toujours dans ce domaine, je voudrais encore ajouter un trait important. Il avait nonante sept ans, quand il a publié un premier livre. Il ne cherchait pas à être connu, et cependant, ce recueil n'était qu'un résumé de tant d'enseignements spirituels qu'il avait prodigués, tout au long de sa vie, en différents groupes d'entraide spirituelle, dans ses homélies ou en communauté. Dans ce domaine aussi, il est resté, jusqu'au bout, en tenue de service. Un court extrait reproduit en dernière page du feuillet de la liturgie d'aujourd'hui nous le rappelle.

Nous avons été les témoins des dernières années de sa vie, quand il a supporté stoïquement les souffrances de la vieillesse, entouré de beaucoup de soins et d'affection, et toujours attentif au monde qu'il entourait, à l'avenir de son monastère.

Et finalement, quand le Maître est arrivé, il l'a trouvé «  en train de veiller  ». Oui, «  heureux ce serviteur !  » Car nous le savons : désormais c'est le Maître lui-même «  qui, la ceinture autour des reins le fait prendre place à table et passe pour le servir  ».

 

Sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère.

Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie.

Béni soit le Seigneur ! Le filet s'est rompu : nous avons échappé. Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

Ps 123 (124), 2-3, 4-5, 6a.7cd-8

Hérode envoya tuer tous les enfants de Bethléem

Après le départ des mages, voici que l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D'Égypte, j'ai appelé mon fils.

Alors Hérode, voyant que les mages s'étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu'à l'âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s'élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 2, 13-18