Homélie du 17 septembre 2023

 Je ne te dis pas de pardonner jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois 

dimanche, 24ème Semaine du Temps Ordinaire - Année A

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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« Je passerai ma vie à dire à tous mes frères que tu es bon... »

Je n'ai pas envie de vous parler du pardon : en tant que chrétiens, je suppose que nous somme tous convaincus de sa nécessité et même de sa saveur particulière.

Mais Jésus, aujourd'hui, de quoi nous parle-t-il ? Ecoutons-Le : « Le Royaume de Dieu est semblable à un Roi. » il s'agit donc du Royaume de Dieu, il s'agit de Dieu bon, immensément bon, pardonnant toujours et nous disant : « Faites comme Moi ». Et ce Dieu, nous ne sommes pas seulement invités à croire en Lui mais à l'aimer : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur ».

Je vous propose donc de centrer notre attention sur ce roi qui voulut régler ses comptes : « ce roi qui nous permettra de mieux comprendre qui est notre Dieu. »

Cette parabole est pleine de « suspense » : une dette énorme, un remboursement impossible.

et, pour être à même de rembourser, la menace de devoir vendre corps et biens : c'est l'impasse. Vous connaissez la suite : la promesse du serviteur insolvable et, retournement de situation : « la compassion et la générosité du roi qui remet la dette colossale. »

Mais ensuite, que se passe-t-il ? Ô horreur! Loin d'être touché par la générosité du roi, le serviteur ingrat prend un de ses débiteurs à lui à la gorge et lui fait subir le sort auquel il vientd'échapper. La réaction ne se fait pas attendre : « Ne devais-tu pas avoir pitié comme j'ai eu pitié de toi ?

Nous voici renvoyés au premier commandement : « Tu aimeras ton Dieu... ». En d'autres mots : considérant ce qu'Il a accomplit pour toi, comment ne pas l'aimer de tout ton cœur ?

Mais voici que cette dette d'amour envers Dieu, nous ne savons peut-être pas comment l'honorer. Alors c'est le moment de se rappeler que Quelqu'un s'en est acquitté pour nous sur la Croix : « J'ai versé telle et telle goutte de sang pour toi » dira Pascal. Et Jésus recommence cela jour après jour, Eucharistie après Eucharistie, sacrement après sacrement, remettant entre nos mains responsables des sommes de compassion à distribuer. Or, parfois, rejoindre la compassion du roi de la parabole nous parait impossible : à ce moment-là au lieu de se regarder soi-même, ne vaut-il pas mieux de se tourner vers le Seul qui rend possible cette impossible démarche ?

Quelqu'un me disait récemment : il ne suffit pas, pour venir au secours des malheurs du monde, de s'adonner à de « bonnes œuvres » ; il importe plutôt de soigner les causes de ces malheurs : mais ces causes ; où sont-elles ? N'est-ce pas notre propre cœur qui a besoin d'être soigné en premier lieu ? N'est-ce pas le chemin vers la source qu'il faudrait retrouver ?

Dans la parabole qui nous occupe, il s'agit d'abord d'un gestionnaire rigoureux, soucieux de ses biens matériels mais dans un second temps se révèle l'autre face de sa personne : c'est un juste selon le cœur de Dieu dont le psaume 111 dresse le portrait : « L'homme de bien a pitié, il partage, lumière des cœurs droits, il s'est levé dans les ténèbres, homme de justice, de tendresse et de pitié ». Il n'a pas honte de se laisser émouvoir, il fait preuve de « compassion » : ce qui compte désormais ce n'est pas d'être riche à millions ; ce qui compte c'est un, homme, sa femme, ses enfants, ce ne sont plus des êtres anonymes voués à la prison, mais des sœurs, des frères en humanité.

Le Roi pensait que son débiteur en prendrait de la graine. Hélas !

Frères et Sœurs, grâce à Jésus, quand nous pensons à Dieu, nous savons à qui nous avons affaire : et nous pouvons en prendre de la graine. Le chrétien n'est pas d'abord appelé à faire des choses extraordinaires mais plutôt à rejoindre les pensées de son Dieu : « Je ne pense qu'à la paix, dit le Seigneur » et avec le psaume 102 nous avons chanté tout à l'heure : « Il te couronne d'amour et de tendresse. Cela me rappelle cette confidence faite par le Seigneur à Ste Angèle Mérici : « Ce n'est pas pour rire que je t'ai aimée ».

On nous parlait jadis d'« examen de conscience » ; ne pourrait-on pas parler d'examen d'alliance : où en est mon alliance, mon amour pour Lui ? Cela a-t-il du sens de parler sans cesse de péché si nous omettons de cultiver une connaissance intime et savoureuse de notre Dieu.

Mes sœurs, mes frères, pour résister aux tempêtes de la vie, tenons en éveil la mémoire des bontés de Dieu, serrons-nous les coudes, joignons nos cœurs, en Eglise, pour témoigne à temps et à contretemps que Dieu est bon. Il ne s'est pas payé de mots : il a payé de sa personne et il le renouvelle pour nous en ce jour, en cette Eucharistie. Cela nous parait incroyable ? Et pourtant il l'a fait : Le prophète Isaïe proclamait en son temps à propos du Messie à venir : « C'étaient nos infirmités qu'il portait »: oui dans tous les temps, sous toutes les latitudes il les porte, pour nous ouvrir la route vers le royaume de la joie.

Demandons à Dieu d'être assez humbles et joyeux pour saisir que sa bonté dépasse la mesure humaine et dans nos moments perdus, puisons dans les Ecritures de précieuses paroles comme celles de St Jean :

« Nous avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru ! » (1 Jean 4, 16) Amen !

 

Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse.

Il n'est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ; il n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses.

Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés.

Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 9-10, 11-12

Si nous vivons, si nous mourons, c'est pour le Seigneur

Frères, aucun d'entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c'est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.

- Parole du Seigneur.

Rm 14, 7-9

C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère

En ce temps-là, Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : ?Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.? Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : ?Rembourse ta dette !? Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ?Prends patience envers moi, et je te rembourserai.? Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ce qu'il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ?Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?? Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout ce qu'il devait.

C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du c?ur. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 18, 21-35