Homélie du 30 avril 2023

 Je suis la porte des brebis 

dimanche, 4ème Semaine du Temps Pascal - Année A

Une homélie de fr. Yves de patoul

Homélie :
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Je suis le bon berger, je connais mes brebis (Jn 10,14)

Depuis la dernière réforme liturgique, le quatrième dimanche de Pâques est le dimanche du Bon Berger, le dimanche des vocations, sacerdotale ou religieuse. Et comme il n'y en a plus beaucoup, on insiste avec raison que cette vocation s'étend à tous les parents qui doivent imiter le Christ bon berger, spécialement en tant qu'éducateurs de leurs enfants et ceux des autres, comme les catéchistes, les enseignants et tous les éducateurs. Bonne fête donc à tous les éducateurs ! Qu'ils soient de bons bergers pour les enfants qui leur sont confiés. Ceux-ci en bien besoin par les temps qui courent.

Et pour parler de nous tous qui voulons être ses disciples, Jésus a fréquemment utilisé l'image des brebis, et celle du troupeau (avec ou sans berger) pour désigner la foule des fidèles qui voudraient le suivre. Ce recours est culturel : il correspond en effet à l'une des activités humaines les plus prisées dans la Palestine au temps de Jésus mais aussi avant lui au temps des patriarches. L'image de la brebis et du berger qui les conduit est donc également très biblique : la puissance ou la gloire d'un homme se mesurait à l'étendue de ses troupeaux. Quand Job fut harcelé par le Satan, ce sont ses troupeaux qu'il perdit d'abord en même temps que ses enfants. David était le Roi berger, figure du Messie qui devait venir. En disant « Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis  », Jésus affirme avec la plus grande force qu'il est le Messie, qu'il n'y en a pas d'autre et qu'il n'y en aura pas d'autre.

Parmi de nombreuses citations dans lesquelles Jésus utilise l'image des brebis, retenons celle-ci dans l'évangile de Marc : « Tous vous allez tomber car il est écrit : Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées (Za,13,7)  » Faisant fi de toute chronologie, nous dirons que la principale mission de Jésus, après sa résurrection, consiste à rassembler ses brebis qui l'ont abandonné surtout à cause de la peur, peur de subir le même sort que leur maître, et dès lors prêts à le trahir. Ces détails ont leur importance pour nous car la peur et la trahison ne sont pas l'apanage des 12 apôtres de Jésus. Nous sommes tous enclins à la peur, celle de nous distinguer de nos amis incroyants ou athées, enclins au reniement de notre foi en Jésus Christ pour plaire à tout le monde.

Comment Jésus s'y est-il pris pour «  rassembler ses brebis dispersées  » ? C'est toute la question du Bon Berger, du bon et du vrai Pasteur. Avant de répondre directement à cette question, permettez-moi de dire rapidement quelles sont les méthodes que Jésus n'a pas suivies, bien que je n'aime pas cette façon de faire parce qu'on tombe vite dans les outrances, mais dans ce cas-ci nos esprits peuvent en être éclairés. Jésus ressuscité n'a pas fait de discours public pour confondre ceux qui l'ont condamné à une mort infâme, il n'a pas organisé des réunions avec ses partisans pour reprendre les choses en main. Il s'est montré extrêmement humble et discret, il a traversé les murs dans lesquels étaient réunis les Apôtres pour attester qu'il était vivant. Il est même resté invisible à ceux qui voulaient le voir, le toucher, le retenir.

Nous savons fort bien comment il a procédé : il est apparu à quelques-uns, et notamment à l'apôtre Paul, pour les inviter chacun/ d'abord à un chemin de conversion, et en leur laissant ensuite un temps de reconstruction où ils ont dû descendre dans leur tréfonds pour retrouver en eux-mêmes les traces de Dieu qui avaient disparu par les rumeurs de défaite, le découragement (pourquoi le juste est-il poursuivi, rejeté ?). Ils ont dû se poser ces questions : quelle est la véritable nature divine, quelles sont les valeurs évangéliques qu'il nous a enseignées ? Qui est-il pour moi, pour nous ?

Le bon, le vrai berger, nous dit Jésus lui-même, est le berger qui connaît ses brebis et celui que les brebis connaissent. La connaissance réciproque est la caractéristique du bon pasteur selon l'évangile. Si le mot 'aimer' ou 'amour' ne figurent pas dans notre texte, il est omniprésent : connaître quelqu'un, l'appeler par son nom c'est déjà presque l'aimer, donner sa vie pour elle ne laisse plus aucun doute. Cet enseignement rejoint une des grandes et belles préoccupations de notre époque : l'importance des relations humaines (en dépit de toutes les nouveautés technologiques qui tendent à les supprimer les unes après les autres), et l'importance de la qualité des relations humaines. Ce thème apparaîtra davantage dans les dimanches qui suivent : «  je veux, dit Jésus, que mes brebis aient la vie en abondance  ».

Le passage que nous méditons aujourd'hui s'attache davantage à la question de l'unité. Jésus définit la qualité du bon pasteur qu'il est lui-même en opposition au berger mercenaire qui ne vient que pour lui-même et non pour le bien des brebis. Le mauvais berger sème la zizanie, il ne rassemble pas.

C'est l'occasion d'approfondir la relation entre nous et le Christ en tant que Bon Berger. La connaissance réciproque, le tutoiement, cela ne suffit pas pour définir qui est un bon Berger. Il y a combien de dirigeants très populaires, très aimés sans doute, qui ont été élus ces dernières années, et qui ne cherchent pas le bien de la nation et non plus donc des personnes qu'ils doivent gouverner. La différence entre les leaders charismatiques et le Christ, c'est que eux ne laissent pas libres leurs sujets, ils poursuivent leur dessein qui est parfois machiavélique. Dans ce sens d'ailleurs, le Christ ne rassemble pas tellement : en s'adressant au plus profond de notre être, en nous obligeant à le chercher dans le fond de notre cœur, Jésus Christ, avec l'Esprit saint, suscite plutôt une diversité extraordinaire de réponses et une créativité que nos dirigeants politiques ne peuvent pas bien maîtriser.

Le rassemblement des brebis dispersées (en y incluant la question particulière de l'œcuménisme) ne peut devenir effective que si les brebis entendent la même voix du Berger, ou du moins que la perception de la voix est concordante, ce qui est loin d'être le cas actuellement. De plus en plus nous percevons que ce n'est pas tant un discours théologique sur Dieu ou même sur Jésus qui nous fera avancer vers cette unité, mais la réalisation concrète, effective de l'humanité dont nous témoignerons à l'égard de notre prochain. Nous croyons nous chrétiens que cette humanité est complète en la personne du Fils de Dieu, qu'elle passe par lui, grâce à la méditation de sa Parole, grâce au Pain eucharistique et la prière. Amen.

 

Dieu l'a fait Seigneur et Christ

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et fit cette déclaration : « Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude : Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » Les auditeurs furent touchés au c?ur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.

Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » Par bien d'autres paroles encore, Pierre les adjurait et les exhortait en disant : « Détournez-vous de cette génération tortueuse, et vous serez sauvés. »

Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille personnes se joignirent à eux.

- Parole du Seigneur.

Ac 2, 14a.36-41

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

Vous êtes retournés vers le berger de vos âmes

Bien-aimés, si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c'est une grâce aux yeux de Dieu. C'est bien à cela que vous avez été appelés, car c'est pour vous que le Christ, lui aussi, a souffert ; il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces. Lui n'a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n'a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l'insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s'abandonnait à Celui qui juge avec justice. Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes.

- Parole du Seigneur.

1 P 2, 20b-25

Moi, je suis la porte des brebis

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l'enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c'est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus employa cette image pour s'adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C'est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 10, 1-10