Homélie du 11 septembre 2022

 Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit 

24ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Yves de patoul

Homélie :
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Il nous arrive à tous, d'autant plus que nous avançons en âge, de perdre un objet relativement précieux ou important, comme sa clé, ses lunettes, ou encore sa montre, et de remuer terre et ciel pour le retrouver. La grande peine d'avoir perdu cet objet nous motive à passer un temps fou à le chercher, surtout si l'objet est utile ou précieux. Mais le plaisir ou la joie de le retrouver est toujours immense. C'est à cette expérience que Jésus recourt pour exprimer toute la joie que Dieu éprouve à la conversion d'un pécheur : « Il y a de la joie dans le ciel, ou chez les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui se convertit  ». Vous connaissez bien cette phrase ; elle se termine par une deuxième affirmation qui semble refroidir notre enthousiasme : «  la joie de Dieu est plus grande pour un seul pécheur qui se convertit plus que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de conversion  ». Toute la question pour nous n'est-elle pas en effet de se situer soit dans l'unique pécheur qui se convertit ou bien dans l'autre groupe très nombreux qui n'a pas besoin de conversion. Serait-ce de l'ironie ? Les justes, ceux qui ne se reconnaissent pas pécheurs sont cent fois plus nombreux que les pécheurs repentants qui avouent leurs péchés et qui retrouvent par la même occasion la communion ou la grâce de Dieu : ils sont rares semble nous dire la parabole de la brebis perdue.

Bien sûr, me direz-vous, nous sommes tous des pécheurs et donc nous avons tous besoin de nous convertir. Nous ne sommes pas dans le groupe des 99 dont Dieu ne se préoccupe pas puisqu'ils ne sont pas des pécheurs qui ont besoin de conversion. Mon sentiment est que la plupart d'entre nous ne reconnaît pas vraiment ou facilement être pécheurs et mériter l'attention que Dieu porte sur nous. La culture moderne ne nous porte pas à nous reconnaître pécheurs : la notion de péché au fil des années a été très fort élucidée, noyée dans la panade au profit des plaisirs si nombreux que nous procure notre civilisation. Oui, Dieu souffre à la vue des grands pécheurs qui telle cette brebis égarée ou tel le fils cadet qui est tombé dans la plus grande déchéance avec les cochons, mais il ne souffre pas des petits pécheurs que nous sommes et qui se portent très bien sans Dieu. J'ironise, je caricature un peu. Mais notre culture, surtout occidentale, (et pas exclusivement comme certains le prétendent) avec son hédonisme et sa glorification de l'ego, nous porte à relativiser le mal et ne nous porte guère à considérer sérieusement tous les écueils des produits sensationnels des récentes technologies écueils qui sont gonflés par un pouvoir d'achat élevé.

Revenons à l'évangile. Les trois paraboles de la miséricorde contenues dans le chapitre 15e de l'évangile de Luc nous montrent deux choses : la première est que Dieu est inquiet de notre égarement, de notre perdition. Son Fils unique Jésus part à la recherche de la brebis perdue (cet aphorisme en passant qui résume assez bien tout l'évangile de Luc, appelé aussi l'évangéliste de la miséricorde), il remue toute la maison pour retrouver ce qui est perdu (pensons à Zachée, au brigand à côté de la croix de Jésus). Dieu se préoccupe de nous voir prendre la mauvaise route, un sentier de perdition. Notre Dieu est un Dieu qui éprouve de la tristesse et de l'angoisse, surtout celle de voir le sort malheureux des grandes villes comme Jérusalem. La deuxième chose qui est tout aussi évidente dans les paraboles de la miséricorde, c'est la joie des retrouvailles. Elle est difficilement imaginable parce que, à nouveau, nous croyons que Dieu n'a guère de sentiment. Eh oui Dieu se réjouit. La Bible nous révèle un Dieu souvent discret et caché, qui ne se laisse pas saisir facilement, mais aussi un Dieu qui exulte de joie. La résurrection de Jésus étant le sommet de cette exultation. Si ce n'est pas Dieu lui-même, ce sont les anges qui sont dans la joie

Notre Dieu est un Dieu patient, un Dieu de tendresse et de miséricorde. Il a hâte de nous retrouver sain et sauf après avoir traversé toutes les turbulences qui sont notre lot quotidien. Et Dieu seul sait combien celles-ci sont nombreuses. Et il n'y a pas que nos petits problèmes personnels ou relationnels qui le peinent, il y a aussi ces mega-problèmes que sont le dérèglement climatique dans la mesure où il est causé par l'activité humaine, les injustices sociales, les guerres dues à l'avarice et la corruption des gouvernants, la surconsommation de biens matériels, les inégalités hommes-femmes. Tous ces problèmes dont nous subissons les conséquences néfastes, nous en sommes aussi devenus parfois malgré nous les auteurs, ne fût-ce que parce que nous acquiesçons, ou que nous ne protestons pas d'une manière ou d'une autre. Nous sommes informés de toutes sortes d'exactions, de tueries, de massacres sur tous les coins de la planète. Si nous n'avons aucune responsabilité dans ces malheurs - à chacun d'examiner cette possibilité même très faible -, ayons au moins une pensée de commisération, une prière qui monte du plus profond de notre cœur.

«  Une parole est sûre et elle mérite d'être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, et moi le premier, je suis pécheur ; mais si le Christ Jésus m'a pardonné, c'est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; et je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle  » (1 Tm 1,15-16). Saint Paul nous dit l'essentiel de ce que Dieu attend de nous : d'abord de se reconnaître pécheur, malgré toutes les difficultés que j'ai relevées (la disparition à peu près complète du sacrement de la pénitence, ou de la conversion, comme on voudra, en est la preuve manifeste) ; et ensuite être un modèle, un exemple de croyant en Jésus Christ.

Dans cette homélie, j'ai voulu me concentrer sur la question souvent éludée du quid de la perdition, de la fausse route que nous prenons au regard de Dieu, et non pas à notre regard. Car selon nous et notre culture, nous ne sommes jamais coupables, c'est toujours les autres, et toujours davantage à mesure qu'ils ont plus loin de nous : nos dirigeants politiques, les Russes, les Américains ou les Chinois. Ce serait eux les vrais coupables de tous nos maux ! J'ai voulu éviter de vous parler de la longue parabole du fils prodigue qui a quelque chose de caricatural et dont l'actualité est un peu lointaine.

Gardons seulement en exemple la double attitude du père miséricordieux : il part dans une attitude de grande miséricorde à la rencontre de son fils perdu par l'orgueil de faire son chemin tout seul : il lui a tout pardonné ; et il ordonne de faire la fête pour ces retrouvailles, constante présente dans toutes ces paraboles.

Poursuivons cette eucharistie dans la joie d'être des pécheurs pardonnés appelés à témoigner de leur foi en Jésus Christ notre unique Sauveur.

Fr. Yves de Patoul

Homélie sur Luc 15,1-10

 

Le Seigneur renonça au mal qu'il avait voulu faire

En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse : « Va, descends, car ton peuple s'est corrompu, lui que tu as fait monter du pays d'Égypte. Ils n'auront pas mis longtemps à s'écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : ?Israël, voici tes dieux, qui t'ont fait monter du pays d'Égypte.' »

Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s'enflammer contre eux et je vais les exterminer ! Mais, de toi, je ferai une grande nation. » Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu en disant : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s'enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d'Égypte par ta grande force et ta main puissante ? Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même : ?Je multiplierai votre descendance comme les étoiles du ciel ; je donnerai, comme je l'ai dit, tout ce pays à vos descendants, et il sera pour toujours leur héritage.' » Le Seigneur renonça au mal qu'il avait voulu faire à son peuple.

- Parole du Seigneur.

Ex 32, 7-11.13-14

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.

Crée en moi un c?ur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.

Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un c?ur brisé et broyé.

Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19

Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs

Bien-aimé, je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m'a estimé digne de confiance lorsqu'il m'a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m'a été fait miséricorde, car j'avais agi par ignorance, n'ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l'amour qui est dans le Christ Jésus.

Voici une parole digne de foi, et qui mérite d'être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s'il m'a été fait miséricorde, c'est afin qu'en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle.

Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen.

- Parole du Seigneur.

1 Tm 1, 12-17

Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l'un de vous a cent brebis et qu'il en perd une, n'abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve ? Quand il l'a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : ?Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !' Je vous le dis : C'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de conversion.

Ou encore, si une femme a dix pièces d'argent et qu'elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve ? Quand elle l'a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : ?Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la pièce d'argent que j'avais perdue !' Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 15, 1-10