Homélie du 28 août 2022

 Quiconque s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé 

dimanche, 22ème Semaine du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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22ème dimanche ordinaire C - Homélie - 28 août 2022

« Regardez l'humilité de Dieu et faites-lui l'hommage de vos cœurs. » Deux petites filles de 8 et 9 ans m'ont fait connaître ce texte inspiré de St François. Mis en musique, il avait marqué leur préparation à la 1ère communion. L'évangile de ce jour n'est pas un code de politesse destiné à faciliter la vie en société. Il met en garde contre l' « ego », contre l'orgueil : « La condition de l'orgueilleux est sans remède » dit Ben Sirac. Par ailleurs, en parcourant les évangiles nous ne pourrons que constater que les orgueilleux empoisonnent et paralysent l'action de Jésus alors que les humbles lui laissent le champ libre pour les guérir et les consoler.

Oui, frères et sœurs, nous n'avons pas ici quelques bons conseils comme ceux de ma mère, me disant, avant une sortie : « Soyez sage et gentil ! », mais une invitation à un examen de conscience radical : « Pour qui est-ce que je me prends ? » Le livre de la Genèse raconte comment Satan a murmuré dans l'oreille de nos premiers parents : « Vous serez comme des dieux ! » Proposition alléchante mais qui les a fait aller droit dans le mur. La parole du Christ est toute différente : « Qui s'abaisse sera élevé ! » Et il a joint l'acte à la parole comme nous l'explique St Paul : « De riche qu'il était, le Seigneur s'est fait pauvre, pour nous enrichir par sa pauvreté ».(2 Cor, 8,9) Serait-ce une déchéance de prendre la dernière place à la table de Celui qui n'a pas craint de laver les pieds de ses disciples ?

Encore une fois, Jésus n'enseigne pas ici une règle d'élémentaire politesse mais une attitude profondément religieuse c'est-à-dire qui engage les profondeurs de l'être humain digne de ce nom à savoir que l'homme n'est pas Dieu mais qu'il occupe une place remarquable en tant que créature d'un Dieu dont il est aimé à la folie. Un Dieu qui va jusqu'à inviter le prodigue à la première place du banquet des retrouvailles. Etre à notre place, tous logés à la même enseigne, comme on dit, tous pécheurs, -n'ayons pas peur des mots- mais tous invités à la table de la tendresse de Dieu et tous appelés, à notre tour, à accueillir le mendiant comme un prince.

Dieu s'est penché sur son humble servante : grâce à cette humilité Il a fait en elle de grandes choses : et nous, n'est-ce pas lorsque nous avons l'audacieuse humilité de la foi, l'humble patience de la confiance, qu'il nous arrive de constater que le Seigneur fait en nous de grandes choses ?

Il me semble qu'il va de soi que les paroles de Jésus résonnent dans le monde d'aujourd'hui, dans les urgences d'aujourd'hui, dans les appels d'aujourd'hui : toutes ces personnes qui, après avoir étudié les choses de près et observé la manière dot nous gérons notre terre en arrivent à des conclusions qui ne sont pas loin de l'évangile : accueillir la création comme un don à utiliser avec discernement et respect au lieu de l'exploiter orgueilleusement jusqu'à épuisement. Dans un article paru en janvier dernier Pierre Defraigne, membre de la Commission européenne, récemment décédé, appelait l'Union européenne à un sursaut civilisationnel : à l'encontre de ceux qui prônent la productivité et la compétitivité, il invitait l'Europe à renouer avec les fondements de sa civilisation authentique : l'humanisme et l'intériorité.

Enfin, pour un bénédictin ce serait une faute grave d'oublier de rappeler que St Benoît, dans sa Règle des moines, a été marqué par le « qui s'élève sera abaissé et qui s'abaisse sera élevé ». A plusieurs reprises il met en garde contre l'orgueil qui menace tous les moines mais, dit-il, surtout les prêtres du monastère et le sous-prieur. Par ailleurs, le mot « humilité » revient plus de 50 fois dans la Règle. Un des chapitres les plus marquants est le chapitre 7 sur l'humilité. Benoît introduit ce chapitre en citant l'évangile que nous venons de lire et il poursuit en méditant le petit psaume 130. Serait-ce imprudent ou téméraire de penser que Jésus en aurait fait une de ses prières préférées ?

« Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux

Je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;

Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. »

« Regardons l'humilité de Dieu, faisons lui l'hommage de nos cœurs. »

AMEN !

 

Il faut t'abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur

Mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité, et tu seras aimé plus qu'un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire. La condition de l'orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. Qui est sensé médite les maximes de la sagesse ; l'idéal du sage, c'est une oreille qui écoute.

- Parole du Seigneur.

Si 3, 17-18.20.28-29

Les justes sont en fête, ils exultent ; devant la face de Dieu ils dansent de joie. Chantez pour Dieu, jouez pour son nom. Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face.

Père des orphelins, défenseur des veuves, tel est Dieu dans sa sainte demeure. À l'isolé, Dieu accorde une maison ; aux captifs, il rend la liberté.

Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. Sur les lieux où campait ton troupeau, tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre.

Ps 67 (68), 4-5ac, 6-7ab, 10-11

Vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n'êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d'obscurité, de ténèbres ni d'ouragan, pas de son de trompettes ni de paroles prononcées par cette voix que les fils d'Israël demandèrent à ne plus entendre.

Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d'anges en fête et vers l'assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d'une alliance nouvelle.

- Parole du Seigneur.

He 12, 18-19.22-24a

Quiconque s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d'un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l'observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu'il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu'un t'invite à des noces, ne va pas t'installer à la première place, de peur qu'il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ?Cède-lui ta place' ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t'a invité, il te dira : ?Mon ami, avance plus haut', et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »

Jésus disait aussi à celui qui l'avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l'invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu'ils n'ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 14, 1.7-14