Homélie du 26 juin 2022

 Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem   Je te suivrai partout où tu iras 

13ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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En préparant cette homélie, deux faits divers m'ont frappé, l'un du 9ème siècle et l'autre du 21ème. Dans le missel Magnificat se trouve, en date du 25 juin, la mention d'un saint breton du nom de Salomon, dernier Roi de Bretagne : à côté de son nom on ne lit pas : «  confesseur non pontife  » ou «  Roi très chrétien  » ou encore «  bienfaiteur de l'humanité  » mais «  meurtrier pénitent  ». C'est la première fois que je vois une telle mention dans un missel : cela me réjouit et me conforte dans l'idée que nous ne sommes pas les héros d'une vertu inébranlable mais des pécheurs pardonnés.

L'autre fait divers : un tribun politique que vous connaissez tous, parlant de l'actuelle première Ministre en France, déclare d'un ton sans réplique : «  Cette femme n'a aucune légitimité !  »

En toile de fond de ces deux faits divers, je lis St Paul, j'écoute Jésus et j'apprends que, malgré qu'il marche vers sa mort, Il est plein de projets d'avenir : il appelle à le suivre, il invite à partir pour annoncer le règne de Dieu bref, il dit ce qu'il faut faire, ce qu'il faut être, pour que se construise ce Royaume dont Il n'a cessé de parler au cours de sa brève existence terrestre. Il n'a pas dit : cet homme, cette femme, n'ont aucune légitimité, Il n'a pas condamné irrémédiablement la Samaritaine, ni le larron, ni même Judas. Quant à St Pierre, un regard de Jésus lui a suffi pour fondre en larmes et se sentir à la fois repentant et pardonné. A l'opposé, voyez comment Jésus a réprimandé les disciples qui parlaient de vengeance et de mise à mort : son programme à lui, il l'a exposé clairement : «  Le Fils de l'Homme n'est pas venu perdre des vies mais les sauver.  »

Non content de cela, Jésus entraîne dans son sillage une foule de disciples pour être, au long des siècles, ses pieds, ses mains, son cœur, au service de leurs frères et sœurs humains. Rappelons-nous la petite phrase lancée aux Apôtres avant la multiplication des pains : «  Donnez-leur vous-mêmes à manger !  » (Lc 9, 13) Ce n'est pas une mince affaire : il ne s'agit pas de projets volontaristes ni d'efforts menant à un burn-out spirituel. Il s'agit, selon Paul, de se laisser conduire, librement, par l'Esprit-Saint, sans regarder en arrière. Et Paul précise : «  Vivez sous la conduite de l'Esprit et vous n'obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.  »(Ga 5, 16)

La chair ! Nous voilà devant ce mot qui prête à tant d'équivoques. Mais quoi ? le Christ ne s'est-Il pas fait chair pour nous sauver ? Et n'est-ce pas dans leur chair que les chrétiens sont appelés à vivre leur vie baptismale au service d'un Dieu merveilleux qui, par amour, s'est fait chair pour nous ? Oui, nous sommes invités à vivre libres, sous la conduite de l'Esprit. Le Christ nous a libérés mais pas en vue d'une conduite égoïste. La liberté souveraine dont Jésus a fait preuve n'a pas été, de sa part, prétexte pour satisfaire ses ambitions personnelles, mais pour devenir don parfait, total, icône de l'amour du Père. Mes sœurs, mes frères, la liberté véritable qui est la libération des désirs égoïstes et non des désirs tout court, a pour but l'épanouissement de l'amour dans le service de tous.

Paul dit quelque part  que la folie de Dieu est plus sage que les hommes : en tant que baptisés nous sommes une assemblées de fous appelés à vivre en Christ, libres, mais pas pour dire, penser, faire n'importe quoi. Pour celui qui est en Jésus Christ, ce qui compte c'est  « la foi agissant par l'amour  ». (Ga 5, 6)

Alors, frères et sœurs, si cela semble difficile de suivre ce Maître qui n'avait pas où reposer la tête, ou encore de mettre la main à la charrue sans regarder en arrière, rappelons-nous que ce qui est impossible à nos yeux ne l'est pas aux yeux de Dieu. N'est-ce pas cela, prier ? Se mettre sous la mouvance d'un Père aimant en pratiquant une écologie spirituelle, en cultivant patiemment des plantes de foi, d'espérance, de charité. AMEN !

 

Élisée se leva et partit à la suite d'Élie

En ces jours-là, le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafath, comme prophète pour te succéder. » Élie s'en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses b?ufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t'en, retourne là-bas ! Je n'ai rien fait. » Alors Élisée s'en retourna ; mais il prit la paire de b?ufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l'attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d'Élie et se mit à son service.

- Parole du Seigneur.

1 R 19, 16b.19-21

Garde-moi, mon Dieu : j'ai fait de toi mon refuge. J'ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu ! Seigneur, mon partage et ma coupe : de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon c?ur m'avertit. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon c?ur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n'ai pas d'autre bonheur que toi. Tu m'apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !

Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11

Vous avez été appelés à la liberté

Frères, c'est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l'esclavage. Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l'unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la conduite de l'Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s'opposent à l'Esprit, et les tendances de l'Esprit s'opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l'Esprit, vous n'êtes pas soumis à la Loi.

- Parole du Seigneur.

Ga 5, 1.13-18

Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem Je te suivrai partout où tu iras

Comme s'accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu'il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu'un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.

En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer la tête. »

Il dit à un autre : « Suis-moi. » L'homme répondit : « Seigneur, permets-moi d'aller d'abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »

Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n'est pas fait pour le royaume de Dieu. »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 9, 51-62