Homélie du 16 janvier 2022

 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana de Galilée 

2ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Homélie :
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Voici deux semaines, Raphaël nous parlait d'audace. Dimanche dernier, fr. Yves, de péché. Aujourd'hui il est question de don, de signes, d'abondance. Rappelons-nous encore la dernière parole de l'évangile du Baptême du Christ : « Tu es mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute ma joie ». Isaïe avait déjà donné un message semblable : « Tu seras appelée ma préférence » et St Paul, de son côté énumère tous les dons dont les chrétiens bénéficient de la part du Saint-Esprit. Arrête, arrête, me direz-vous peut-être ! c'est trop pour moi, ou bien : ce n'est pas vrai toutes ces belles déclarations : ma vie, ce n'est que de l'eau très ordinaire, le vin se fait rare, je manque de tout : de santé, de pain, de sécurité, de patrie, de famille, de parents, d'enfants, de chance, d'amitié, de relations, de vocations, de jeunesse, de perspective d'avenir, de courage, bref : de bonheur. « On manqua de vin » : la mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin »....... Un temps d'arrêt ! Le temps pour Jésus d'admirer cette femme à la foi bien trempée dont Elisabeth a pu dire : « Bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement des paroles du Seigneur... »

Et puis, l'eau est versée : l'eau : très plate, très humaine, très quotidienne, que Jésus va élever à la dignité de vin, signe de l'attention aimante de son Père à l'égard de chacune des créatures qu'il chérit. « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. » Et pas simplement pour combler tous les manques dont on vient de faire l'inventaire ; mais pour tisser ou retisser les liens distendus entre un Père aimant et une créature rebelle. Je ne sais comment exprimer le fond de ma pensée, sans donner l'air de mépriser le monde de ce temps, mais il me semble indispensable de se ressourcer, de s'abreuver à l'amitié toute simple de notre Dieu, de laisser couler en soi cette vie joyeuse et en faire don alentour : pour cela deux chemins s'ouvrent à nous : la prière et l'attention aux signes. La prière, c'est-à-dire : s'abreuver de Dieu : « Mon âme a soif de Toi », dit le psaume : prier : « Penser à Dieu en l'aimant », pour reprendre les paroles de Thérèse d'Avila ; et, dans la foulée, abreuver le prochain. Ensuite : être aux aguets, en attente, attentif aux signes : y a-t-il eu aujourd'hui, dans l'apparente banalité de ma vie, quelqu'un qui m'a lancé un signe, une parole, un geste, qui m'a conduit à réaliser que je n'étais pas nul mais porteur d'un don - que sais-je ? - de foi, d'écoute, d'encouragement, de guérison, de beauté...don, qu'à mon tour je suis appelé à communiquer à tel frère à telle sœur membres de ce corps vivant qu'est l'Eglise en chemin. Sommes-nous prêts à percevoir les signes, à donner des signes ? Dans son roman « Lazare », Morris West met en scène un Pape très rigoureux, en convalescence après une lourde intervention cardiaque : il est à un tournant de son existence : se rendant compte que, jusqu'à présent, sa vie a été marquée par une extrême intransigeance, il se rend compte tout à coup, du tort qu'il a pu faire au peuple des chrétiens dont il est le Pasteur suprême. A son secrétaire venu lui rendre visite il confie : « Nous en perdons trop, Matteo. Ils ne sont pas heureux dans la famille des croyants : il n'y a pas de joie dans notre maison parce qu'il s'y trouve trop peu d'amour. Et c'est nous, les aînés qui sommes à blâmer. » Alors : Eglise, porteuse de signes ? Porteuse d'eau, porteuse de vin ? Porteuse de rigueur, porteuse de bonheur ? A un prêtre qui venait de célébrer une Eucharistie dans un petit cercle familial peu habitué à des cérémonies, le petit garçon de la famille écrivit ce billet : « Ca a été un bonheur qu'on fasse cette messe avec toi ».

Frères et Sœurs, que le signe des noces de Cana vous procure la joie discrète de vous rapprocher de Dieu et d'être signes de Lui aujourd'hui, demain ici et au loin. Amen !

 

Comme la jeune mariée fait la joie de son mari

Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n'aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d'un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L'Épousée ». Car le Seigneur t'a préférée, et cette terre deviendra « L'Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t'épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

- Parole du Seigneur.

Is 62, 1-5

Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur, la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté. Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi ! Il gouverne les peuples avec droiture.

Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

L'unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier

Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c'est le même Esprit. Les services sont variés, mais c'est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c'est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l'Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l'Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l'unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d'opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l'un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l'autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c'est l'unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier.

- Parole du Seigneur.

1 Co 12, 4-11

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana de Galilée

En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c'est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d'eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l'eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 2, 1-11