Homélie du 25 décembre 2021

Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous

Nativité du Seigneur - Année C

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Homélie :
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Noël, messe du jour, 2021 Clerlande

Bienvenue à vous tous, chers frères et sœurs, chers amis, vous qui êtes montés jusqu'ici, nous rejoindre dans la chapelle de Clerlande, et vous qui nous suivez à distance grâce à internet ! Ensemble localement et unis par tous les médias avec le monde entier depuis le Japon jusqu'à la Californie, nous formons un peuple de Dieu qui célèbre son Sauveur, alors qu'il a pris notre humble condition humaine. Pendant des semaines on a répété le cri du cœur : «  O viens, Emmanuel  » ! Mais à l'instant le voilà, il est venu et il est avec nous, Dieu-avec-nous! «  Emmanu-El  ». Célébrons-le dans la joie.

C'est Noël. Le mot Noël résonne comme un son de cloche, le mot lui-même sonne bien, comme la cloche du village dans la nuit ! Il annonce une naissance, une victoire de la vie sur le froid, sur les ténèbres, sur la nuit, sur l'hiver, oui, sur la mort et tout le périssable. Qui s'est perdu de nuit dans la forêt, peut s'orienter à nouveau. C'est Noël ! Laissons-nous rejoindre par la joie que cause cette naissance, dans tout l'univers. Pendant une nuit et un jour même le guerrier accepte de déposer ses armes... Laissons-nous désarmer par l'humilité de Dieu. Invoquons-le avec un cœur d'enfant.

Homélie

Bien chers frères et sœurs, chers amis.

À Nœl on n'aime que les mots très simples. Etable, crèche-mangeoire, bébé sur de la paille, enveloppé de langes. Etoile, âne et bœuf, des anges, des bergers avec leurs moutons... une pauvreté et nudité qui rime pourtant avec gloire au plus haut des cieux, paix sur terre, espoir de vie malgré tout, malgré tant, victoire sur le mal. «  Un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance...  ».

En ce 25 décembre 2021 nous ne sommes pas mieux lotis que l'an dernier, en 2020. Et nous ne savons même pas si l'an prochain, en 2022, ce sera enfin beaucoup mieux, ou tout de même un peu mieux, ou, qui sait ? encore pire... Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, l'homme avoue qu'il ignore ! Nous sommes tous plongés dans l'incertain, dans l'impossibilité de programmer à long terme, et même ici et là, nous sommes plongés dans le deuil : des êtres chers nous ont été enlevés, fauchés par cette faucille appelée Covid 19. On s'arme comme on peut, au milieu de messages contradictoires qui font désormais partie de la communication sociale. Le fake se mêle au vrai, plus vite que l'authentique n'arrive à nos oreilles...

En Église on revient sur des paroles qui apparemment ne s'usent pas : «  Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager, de celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle - l'Evangile, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : 'Ton Dieu règne !'  »

La pandémie a fait que l'homme est en désarroi, en haut comme en bas de l'échelle. Il ne règne plus. Mais écoutons : une voix crie, crie de joie ! «  Ton Dieu règne  ».

Venez, adorons. Retrouvons-nous auprès de ce qu'il y a de plus humble, car c'est là la source de l'humanité nouvelle, qui est aussi la plus forte, la plus indestructible parce que la plus douce. Redevenons humains à l'école de Jésus, «  le doux et humble de cœur  », né dans une étable, déposé sur de la paille, dans une mangeoire pour un bœuf, un âne... dans le bourg de Bethléem qui veut dire «  maison de pain  ». Il est là tout donné, comme du pain, mangeable, comestible, annonçant sans trop le savoir, ses propres paroles : «  Venez et mangez tous, ceci est mon corps pour vous  ».

L'évangile du jour - le prologue de saint-Jean - joue aux grands orgues, mais dans l'évangile de la nuit avec saint Luc, les bergers veilleurs jouaient au pipeau et à la cornemuse. «  Au commencement était le Verbe, nous dit l'aigle johannique, et ce Verbe qui était la lumière des hommes, et il s'est fait chair, et a établi sa tente parmi nous... Nous avons vu. Nous avons vu son humanité palpable, mortelle, blessée à mort, le cœur transpercé par la lance. Et nous avons vu sa gloire, sa victoire, sa beauté radieuse, incomparable, celle d'un fils unique né de Dieu avant tous les siècles...  ».

Bien chers amis, aujourd'hui nous avons le temps, rien n'est pressé, et nous pouvons méditer : le très grand et le très humble, coïncidant mystérieusement dans l'enfant de Bethléem.

Prenez tout à l'heure aussi le temps pour vous approcher discrètement de la crèche (pas tous ensemble, s'il vous plaît ! attention au Covid qui comme une bête tapie pourrait nous surprendre) et de découvrir jusqu'où l'Enfant de la Gloire a accepté toute l'humilité de notre condition humaine. Laissez-vous surprendre, souriez au chien et au chat, au meunier et à la laitière, aux anges et aux multiples bêtes entre lesquels l'humain cherche sa voie et vient s'émerveiller d'un Dieu si proche. Il y a même une dinde qui a encore échappé au couteau... et un homme qui porte un fusil... et qui ne regarde pas la crèche mais qui nous regarde... On est en Provence, on est comme à Naples, on est dans un imaginaire populaire qui rappelle les tableaux de Breughel l'Ancien. C'est un tout jeune parmi nous qui est venu monter la crèche ensemble avec quelques frères ! Dans notre banalité fiévreuse et suroccupée une maman a couché son premier-né dans une mangeoire, sous un abri, dans une étable... Mais tout le monde est concerné et n'a d'yeux que pour le petit être sur de la paille !

Noël est la fête de la proximité divine. «  La Bonté et philanthropie de Dieu s'est fait proche  », nous disait saint Paul ! Bien intérioriser la fête c'est d'abord ouvrir son cœur qui laisse le Dieu proche entrer et faire sa demeure chez nous. Puis ouvrir ce cœur, divinement habité, à quiconque est notre voisin. Voisin de chambre, de rue, de ville, de campagne.

Fêtons Dieu fait homme, fêtons l'homme invité à la joie céleste et à la dignité de la paix terrestre. Adorons et chantons, doucement, encore et encore, depuis vingt siècles, jusque dans l'aujourd'hui de Dieu. Glooooria in excelsis Deo !

 

Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu

Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! » Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem ! Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu.

- Parole du Seigneur.

Is 52, 7-10

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !

Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments ; au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur !

Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6

Dieu nous a parlé par son Fils

À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l'univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ; et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur. En effet, Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ? À l'inverse, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu.

- Parole du Seigneur.

He 1, 1-6

Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l'existence, mais le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 1, 1-5.9-14