Une homélie de fr. Pierre de Béthune
Il y aurait beaucoup à dire au sujet de cet évangile. Mais, si l'on veut bien accueillir ce texte, il y a surtout beaucoup à faire. Parce que, comme les scribes, nous connaissons bien les textes, les commandements, mais Jésus leur dit, - il nous dit : « Va ! et fais ce que tu as si bien compris » !
Aujourd'hui donc, je ne ferai pas d'homélie, mais bien une communication de la part de notre archevêque, Joseph de Kesel. Vous verrez que ce sera la meilleure façon de nous encourager à faire, à accomplir la volonté de Dieu. En effet, mes frères, mes soeurs, pour aller plus loin, concrètement, sur le chemin du Royaume de Dieu dont parle l'évangile, le pape et les évêques nous demandent de 'marcher ensemble' sur ce chemin. Ils nous parlent de 'synode', littéralement de 'chemin partagé'. Régulièrement, depuis le Concile, les évêques se rassemblent à Rome, avec le pape, pour aborder une question importante dans l'église. Une centaine d'évêques y représentent toute la chrétienté. Il y déjà eu quinze synodes. Mais cette fois, notre pape François a proposé d'écouter tous les chrétiens, depuis la base. La concertation, en vue de mieux voir comment continuer à vivre l'évangile aujourd'hui, doit se faire par tous les baptisés, et pas seulement par quelques représentants qui ne sont même pas des délégués. Il faut donc bien organiser cette écoute, en commençant par chaque paroisse chaque monastère.
Je vous cite ici ce que notre archevêque a écrit à tous les chrétiens de son diocèse : « Le monde se trouve aujourd'hui face à de grands défis. De nombreuses questions se posent aussi au sein de l'Église. Nous avons, en effet, un passé assez clérical derrière nous. Depuis le Concile, il y déjà eu beaucoup de changements à ce propos. Il devient de plus en plus évident que nous ne pourrons répondre à notre vocation que si nous le faisons ensemble. C'est là la signification même du mot ' synode ' : marcher ensemble. Voilà l'objectif du pape François : non pas une Église cléricale, mais synodale. Le pape est profondément convaincu que c'est ce que Dieu attend de son Église en ce troisième millénaire. Ce n'est qu'à cette condition que nous serons en mesure d'annoncer l'évangile de manière crédible. La synodalité n'est pas seulement une méthode pour le prochain synode, mais elle incarne aussi son contenu et son sujet. De là le titre : ' Pour une Église synodale; communion, participation et mission '. Ces trois mots expriment précisément ce que l'on entend par une Église synodale : une Église qui cherche une communion vraie et vécue, une Église où tous sont concernés dans une responsabilité partagée; une Église qui veut rester fidèle à sa mission : faire connaître l'amour de Dieu au monde, un amour devenu tellement concret dans le Christ. Toute l'Eglise, du sommet à la base, est invitée à réfléchir, à se rencontrer et entrer en dialogue. La question est de savoir comment devenir de plus en plus une Église synodale. »
Le Cardinal ajoute un peu plus loin dans son message : « Les résultats de cette concertation seront transmis à la Conférence Épiscopale. Ensuite, au cours de la deuxième phase du processus synodal, les représentants des Conférences Épiscopales se réuniront par continent pour communiquer, sur base des échanges qu'ils auront eus au sein de leurs Églises locales. Tout ceci sera alors mis à l'agenda du synode à Rome, lors de la troisième phase du processus. Si des décisions importantes s'imposent au terme de tout ce chemin parcouru, elles seront prises à ce moment-là, en 2023. J'invite tous les membres de notre diocèse à répondre avec sérieux et enthousiasme à cet appel du pape François. Le futur synode ne sera évidemment pas un point final ni la solution à tous les problèmes. Nous continuerons encore à marcher ensemble après le synode. La synodalité est une mission et un défi permanents pour l'Église. Elle est de tout temps une dimension constitutive de l'Église. Mais c'est tout comme des muscles qui n'ont pas ou insuffisamment été utilisés. Il n'est pas facile de les réactiver. Cela ne va pas sans peine ni difficultés. Une Église synodale ne se réalise pas en quelques années. Elle demande beaucoup de foi et une conversion constante. »
Et le Cardinal ajoute encore : Il faut pour cela « s'écouter mutuellement. Il y a dans l'Église une diversité d'opinions et d'attentes. La véritable unité n'exclut certes pas la diversité. Mais lorsqu'on se parle et qu'on recherche un vrai dialogue, on n'essaye pas en premier lieu d'imposer ses propres idées. On peut bien sûr, et c'est indispensable, dire en toute liberté ce qu'on pense. Mais cela ne se fait pas sans écouter l'autre. Sans l'écoute mutuelle, il n'y a pas de dialogue digne de ce nom. Écouter est encore autre chose qu'entendre ce que l'autre dit. C'est encore moins attendre avec impatience que l'autre se soit exprimé pour faire part, ensuite, de ses propres opinions. Écouter suppose une grande ouverture. Cela suppose qu'on soit prêt à regarder à partir du point de vue de l'autre. Une telle attitude demande beaucoup d'humilité. Elle signifie estime et respect pour l'autre. Elle indique que l'autre n'est pas votre opposant ni votre concurrent. Agir ainsi et se comporter de cette manière signifie déjà que nous sommes sur le chemin synodal. Par la suite, il faudra bien sûr faire d'autres pas et prendre des décisions. Mais il est faux de croire que la synodalité ne viendra que par la suite. Elle doit conduire à des résultats, certes, mais elle est avant tout un chemin. Et ce n'est qu'en cours de route que les nouveaux pas à faire apparaîtront plus clairement. »
Je me demande alors : comment, pratiquement, allons-nous pouvoir répondre à cet appel du pape, ici, à Clerlande ? Ce n'est pas le moment ni le lieu, pour organiser notre collaboration. Je veux seulement dire, au nom de la communauté monastique, que nous voulons vraiment entendre cet appel, et pas seulement redire que nous 'prions pour'. Au cours des semaines qui viennent, nous allons organiser cette concertation ouverte à tous. Je pense en particulier à la relance du 'Conseil moines-laïcs' avec lequel nous allons programmer cela. Je vous tiendrai au courant.
Je voudrais terminer mon intervention en citant une dernière fois le Cardinal De Kesel : « Tout pas sur le chemin synodal est un pas en avant. Et quelqu'un marche avec nous et nous précède, le Christ Seigneur. C'est là notre plus intime certitude. Il est le rocher de notre confiance. C'est dans l'écoute mutuelle et le discernement fait ensemble que l'Esprit de vérité (Jn 16,13) se fait connaître et vient à notre secours. »
Moïse disait au peuple : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu. Tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils, tu observeras tous ses décrets et ses commandements, que je te prescris aujourd'hui, et tu auras longue vie. Israël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t'apportera bonheur et fécondité, dans un pays ruisselant de lait et de miel, comme te l'a dit le Seigneur, le Dieu de tes pères. Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur, de toute ton âme et de toute ta force.
Ces paroles que je te donne aujourd'hui resteront dans ton c?ur. »
- Parole du Seigneur.
Dt 6, 2-6
Je t'aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m'abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !
Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur, je suis sauvé de tous mes ennemis.
Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher ! Qu'il triomphe, le Dieu de ma victoire ! Il donne à son roi de grandes victoires, Il se montre fidèle à son messie.
Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab
Frères, dans l'ancienne Alliance, un grand nombre de prêtres se sont succédé parce que la mort les empêchait de rester en fonction. Jésus, lui, parce qu'il demeure pour l'éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas. C'est pourquoi il est capable de sauver d'une manière définitive ceux qui par lui s'avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
C'est bien le grand prêtre qu'il nous fallait : saint, innocent, immaculé ; séparé maintenant des pécheurs, il est désormais plus haut que les cieux. Il n'a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d'offrir chaque jour des sacrifices, d'abord pour ses péchés personnels, puis pour ceux du peuple ; cela, il l'a fait une fois pour toutes en s'offrant lui-même. La loi de Moïse établit comme grands prêtres des hommes remplis de faiblesse ; mais la parole du serment divin, qui vient après la Loi, établit comme grand prêtre le Fils, conduit pour l'éternité à sa perfection.
- Parole du Seigneur.
He 7, 23-28
En ce temps-là, un scribe s'avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l'Unique et il n'y en a pas d'autre que lui. L'aimer de tout son c?ur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d'holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n'osait plus l'interroger.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Mc 12, 28b-34