Homélie du 7 fevrier 2016

Laissant tout, ils le suivirent

5ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Une homélie de fr. Grégoire Maertens

Chacune des lectures de ce dimanche décrit des attitudes humaines ou chrétiennes essentielles : il me semble qu'elles nous encouragent à approfondir la compréhension de notre prière du dimanche.

Aussi bien le prophète Isaïe, que Paul ou Pierre passent par des expériences et des états d'âme semblables : l'Eglise nous invite aujourd'hui à nous laisser toucher par le récit de leur expérience.

- « Je vis le Seigneur » affirme IsaÏe -mes yeux ont vu le Roi »

- « Le Seigneur est apparu à Pierre, aux Douze, aux 500 et puis à moi », poursuit Paul.

- Pierre, quant à lui, voit Jésus monter dans sa barque de pêcheur.

Ensuite, chez ces trois hommes si différents, la rencontre du Seigneur suscite crainte et frayeur, car ils se sentent « pécheurs ».

- Isaïe : « Je suis un homme aux lèvres impures- »

  • Paul : « Moi, l'avorton, le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne- »
  • Et Pierre, de renchérir : « Eloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »

Après quoi c'est une parole de réconfort, de confirmation qui leur est adressée par le personnage qui les a effrayés :

-Ta faute est enlevée, dit l'Ange en touchant les lèvres du prophète d'un charbon brûlant.

- Et voilà que Paul reprend courage en prenant conscience que ce qu'il est, il le doit à la grâce de Dieu, a.v. à ce Jésus qui l'a aimé à la folie, jusqu'à mourir pour lui.

- Pierre enfin entend de la bouche du Maître cette brève invitation, tant de fois répétée tout au long des évangiles : « Sois sans crainte- ! »

Ne crains pas- de te sentir inférieur à la tâche, ni seul face à Jésus et son message, ni peu conscient du sens profond de la vie, ni lent à te détacher de tes cargaisons de soucis, de bobos, de craintes, de défauts, de manies et de préjugés. Bref: ne crains pas de quitter les rives étroites de tes petitesses pour avancer au large- - Quoi de plus doux que cette voix du seigneur qui nous invite ?

Vient maintenant le temps de l'engagement : à chacun Dieu va proposer un tâche.

  • Isaïe se fait interpeller : « Qui sera notre messager ? »
  • Paul, bien qu'indigne et ex-persécuteur, se voit nommé Apôtre.
  • Quant à Pierre, le voilà invité contre toute sagesse professionnelle, à reprendre une pêche qu'il vient d'interrompre sans résultat.

Finalement, tous les trois vont surmonter le sentiment de leur radicale faiblesse :

-Moi, je serai ton messager, propose Isaïe.

- Ta grâce en moi n'a pas été stérile affirme Paul.

- Et St Pierre : Malgré une nuit de peine perdue, sur Ta parole, Seigneur, je jetterai les filets.

Le comble: à peine leurs barques sont-elles pleines à craquer, que les Apôtres quittèrent tout: Jésus leur promet une vie de plénitude.

Mes soeurs, mes frères, ces récits nous sont donnés « pour notre instruction »

Où nous retrouvons nous entre ces lignes ?

Quels que soient notre âge, notre état de vie, notre profession, dans ce monde où nous vivons et dont nous nous voulons solidaires, laissons nous porter par un mot, une phrase,une interpellation entendue aujourd'hui : ce sera peut-être:

« Avance au large » ? ou « J'ai peiné sans rien prendre mais sur ton ordre je vais y aller.. » ou encore : « Sois sans crainte- » ou encore : « Laissant tout , ils le suivirent » ?

Ou bien nous laisserons-nous toucher par cette parole mystérieuse « Désormais ce sont des hommes que tu prendras » ? Ne serait-ce pas une invitation à laisser là nos cargaisons d'assurances humaines pour faire davantage attention à l'homme, à l'humain, tabernacle du divin ? Invitation à nous rendre plus abordable en laissant de côté notre précieux portable ? à regarder le visage de notre interlocuteur en laissant de côté notre ordinateur ?

Curieusement, Jésus n'est pas allé à la pêche aux hommes, il n'est pas allé prendre, Il s'est plutôt laissé prendre :

« Prenez et mangez-.prenez et buvez-. »

Par amour pour vous je me donne en nourriture de miséricorde :

en mémoire de Moi, faites de même

en prenant les hommes dans les filets de votre miséricorde. »

 

Me voici : envoie-moi !

L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l'un à l'autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l'univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l'univers ! » L'un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu'il avait pris avec des pinces sur l'autel. Il l'approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » J'entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j'ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »

- Parole du Seigneur.

Is 6, 1-2a.3-8

De tout mon c?ur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force.

Tous les rois de la terre te rendent grâce quand ils entendent les paroles de ta bouche. Ils chantent les chemins du Seigneur : « Qu'elle est grande, la gloire du Seigneur ! »

Ta droite me rend vainqueur. Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n'arrête pas l'?uvre de tes mains.

Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8

Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez

Frères, avant tout, je vous ai transmis ceci, que j'ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois - la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort -, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l'avorton que je suis.

Bref, qu'il s'agisse de moi ou des autres, voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez.

- Parole du Seigneur.

1 Co 15, 3-8.11

Laissant tout, ils le suivirent

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu'il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'écarter un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l'ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient. à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Lc 5, 1-11