Homélie du 19 avril 2020

Huit jours plus tard, Jésus vient

2ème Dimanche de Pâques - Année A

Une homélie de fr. Benoît Standaert

Bienvenue à vous tous, chers frères et soeurs, vous qui êtes ici dans notre chapelle de Clerlande et vous tous et toutes qui sur l'écran suivez notre liturgie. Bon dimanche, deuxième dimanche de Pâques. « Voici le jour que fit le Seigneur, jour d'allégresse et jour de joie ! » Nous avons chanté ce verset de psaume dès le matin tôt ! Ce jour est un jour qui dure cinquante jours, jusqu'à la Pentecôte, nous enseignent les Pères de l'Église et dans leurs commentaires du Psaume 117 où apparaît ce verset, ils précisent : ce jour, c'est quelqu'un : le Christ pascal ! Le Seigneur Dieu fit ce jour en ressuscitant Jésus d'entre les morts.

Chaque jour de ces cinquante jours est jour de fête, jour du baptême, jour du renouveau.

Accueillons-le pleinement, le Christ qui surgit au milieu de nous, toutes portes closes, comme racontera l'évangile de ce dimanche ! Il vient et communique joie, paix, pardon, envoi dans l'Esprit. Laissons-nous transformer par sa présence en l'invoquant de tout notre coeur et en nous laissant asperger par l'eau, celle qui fut bénie dans la nuit pascale, en nous rappelant vivement notre baptême.

Homélie

Chers frères et soeurs.

Curieusement notre confinement se retrouve comme dans un miroir en écoutant la lecture de l'évangile de ce jour. Les disciples sont dans la maison, toutes portes closes, par peur. C'était le cas le premier soir, ce l'était encore huit jours après ! Le confinement perdure, pour eux et pour nous, Dieu sait pour combien de temps encore.

Lisons donc attentivement ce qui s'y passe !

Jésus entre sans qu'on n'ouvre porte ni fenêtre. Il ne vient pas de l'extérieur. Il se manifeste au centre, au milieu d'eux, debout ! Et il crée du neuf : il communique la paix, à trois reprises dans cet évangile d'aujourd'hui : « La paix soit avec vous ! ». Il crée la joie : au centre de toute cette page de Jean 20 il y a : « les disciples étaient remplis de joie à la vue du Seigneur ! » On chante cela avec des Alléluias à la clef, tous ces jours-ci. La joie de voir, viso Domino, ils ont vu le Seigneur ! Jésus communique aussi l'Esprit et avec ce Souffle sur les disciples il les envoie, recevant le pouvoir du Pardon ! « Comme le Père m'a envoyé, moi je vous envoie » !

On quitte la peur, on quitte la réclusion, on quitte la culpabilité. Un Esprit nouveau passe et relance le mouvement, l'embryon d'une Église qui rayonne de joie, de pardon et de paix, jusqu'aux limites du monde !

Le court texte des Actes des Apôtres qu'on a entendu en première lecture, nous donne encore un portrait de l'Église naissante. La communauté à Jérusalem se donne quelques principes qu'elle met aussitôt en pratique, et cela change tout. Quels sont ces principes ? 1. L'enseignement des apôtres ; 2. Le partage des biens dans la vie fraternelle ; 3. la fraction du pain ; 4. Les prières.

Dans les versets qui suivent on voit comme cela se met en oeuvre, chacun des quatre points !

En temps de confinement, arrivons-nous à nous mettre d'accord autour de ces quatre points ? la prière ? la vie commune où l'on partage en donnant à chacun selon ses besoins ? l'enseignement ou la clarté de vue sur notre foi en Dieu, en Christ, en l'Esprit qui nous anime, par une écoute exercée des Écritures? Et la fraction du pain, faite au nom de Jésus ?

Il y a matière à réflexion et à faire quelque partage en famille, à deux ou trois. Ne l'oublions pas : « Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu de vous », dit le Seigneur !

L'évangile de ce jour nous donne encore un critère supplémentaire, je crois, par-delà le chantage fameux de l'apôtre Thomas : « Si je ne vois pas dans ses mains les marques des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas ! » Jésus apparaît et l'interpelle aussitôt, après avoir souhaité à tous la paix : « Avance ton doigt, avance ta main- mets-la dans mes plaies, et ne sois plus incrédule ». Touche-moi dans mes plaies et tu verras le ressuscité. La seule chose que Jésus ressuscité donne à voir, ce sont ses plaies. On ne le rencontre qu'en acceptant de s'identifier avec sa passion : comme le dira saint Paul : « Je ne désire qu'une seule chose, le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection. J'aspire à être rendu conforme à sa mort par la souffrance pour pouvoir, si possible, communier à sa résurrection d'entre les morts ». Qu'est-ce à dire ? ne cherchons pas ailleurs : on ne le rejoint que dans l'accueil son don extrême, la fraction du pain qui dit sa mort, son abandon, son amour jusqu'au bout. Tu veux la gloire, accepte l'humiliation, tu veux la Vie éternelle, accepte le don de soi jusqu'à la fraction du pain. Tu veux la victoire, embrasse la croix.

Bien chers amis, avançons dans la renaissance de l'Église en accueillant le Christ pascal au milieu de nous. Il est l'intériorité même de l'expérience d'Église. Redécouvrons-le dans les lieux de notre confinement, car il n'est pas au dehors ! Pratiquons le silence, la prière, la méditation des Écritures, la solidarité du partage, et le geste de prendre du pain et d'en faire la fraction en son Nom, comme faisaient les premiers chrétiens « dans l'une ou l'autre maison ». Que notre plus petite communauté, deux ou trois, renaisse ainsi et irradie des fruits que les textes nous transmettent : la joie, le pardon, la paix, comme une saine contagion : « Les frères trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut ! » AMEN. Alléluia.

 

Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun

Les frères étaient assidus à l'enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les c?urs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres.

Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun.

Chaque jour, d'un même c?ur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de c?ur ; ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés.

- Parole du Seigneur.

Ac 2, 42-47

Oui, que le dise Israël : Éternel est son amour ! Que le dise la maison d'Aaron : Éternel est son amour ! Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur : Éternel est son amour !

On m'a poussé, bousculé pour m'abattre ; mais le Seigneur m'a défendu. Ma force et mon chant, c'est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Clameurs de joie et de victoire sous les tentes des justes.

La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle ; c'est là l'?uvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !

Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24

Le Christ, vous l'aimez sans l'avoir vu ; en lui, vous mettez votre foi, vous exultez d'une joie inexprimable

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps. Aussi vous exultez de joie, même s'il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d'épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l'or - cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu - , afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ. Lui, vous l'aimez sans l'avoir vu ; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi, vous exultez d'une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l'aboutissement de votre foi.

- Parole du Seigneur.

1 P 1, 3-9

Huit jours plus tard, Jésus vient

C'était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l'un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c'est-à-dire Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant, vous ayez la vie en son nom.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 20, 19-31