Une homélie de fr. Martin Neyt
Mes soeurs, mes frères, amis de Clerlande.
Nous voici heureux en ce jour lumineux de célébrer ensemble, la communauté de Rixensart, celle de Bossut et de Clerlande, la fête de notre Père saint Benoît, Patron de l'Europe.
C'est dans l'intercession mutuelle et l'adoration que nous portons dans cette eucharistie toutes nos intentions et tout particulièrement nos fondations à Bethléem, au Brésil, au Tchad, en R.D.C.
11 juillet : Proverbes 2, 1-9 ; Philippiens 4, 4-9
Luc 12, 36-38
Homélie
Mes soeurs bien-aimées et mes frères.
Comment nos coeurs vibrent-ils en ce jour de fête qui nous donne de célébrer ensemble cette eucharistie en communion avec notre Père Saint Benoît ?
Pour ma part, trois sentiments se conjuguent dans mon coeur : celui de l'appel que nous avons entendu ; celui d'un amour inconditionnel qui nous pousse sans cesse à une dépossession de soi nous transformant peu à peu selon sa volonté; et enfin comment nos communautés vivent-elles cette nouvelle étape de maturité et de vieillesse dans le monde qui est le nôtre.
Ces jours de fête réveillent en nos coeurs ce moment où l'Esprit de Dieu nous poussait à nous engager à la suite de Jésus comme le décrit abba Antoine lorsqu'il entra dans l'Église et entendit ces mots : « Va, vends tous tes biens, renonce à toi-même et suis-moi ».
Benoît ne connaît pas d'autre point de départ pour toute l'existence de ses frères moines : « Ecoute, ô mon fils ces préceptes du Maître et ouvre l'oreille de ton coeur ». C'est l'appel fondamental de la Parole de Dieu, celui des Sages du Premier Testament, celui des Prophètes, celui de Jésus. Il n'y a pas d'autre point de départ. Jésus, interrogé dans saint Marc sur le grand commandement répond en citant l'ouverture de la prière quotidienne du juif pieux : « Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l'unique Seigneur » Dt 6. 4-Cette invocation « Shema Israël » traverse toutes les Écritures. Et Jésus enchaîne : Aime le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. Écoute, tu es aimé par le Père. Toi aussi, aime.
Dans nos monastères en Occident, la question nous est posée dès l'entrée au noviciat : Qui cherches-tu ? Quelles sont tes motivations- Nous discernerons si tu cherches vraiment Dieu- C'est bien le temps des commencements. Chez les coptes, http://www.spiritualite-orthodoxe.net/vie-de-priere/index.php/lettres-et-articles-matta-el-maskine » >Matta el Maskin pose cette question : « As-tu déjà fait l'expérience de Dieu ? Si oui, entre. La question n'est pas celle de nos motivations, mais celle d'avoir vécu l'expérience de Dieu qui est venu vers nous. Aujourd'hui, souvenons-nous de ces expériences qui ont transformées nos vies et nous ont conduit ensemble à recevoir de Dieu tout au centuple, des frères, des soeurs, une maison, le royaume de Dieu-
La question suivante est bien de nous interroger après tant d'années vécues en communauté : Comment vivons-nous cet amour inconditionnel ?
La vie commune se présente dans la répétition des jours, peut-être dans la monotonie, sûrement dans la surprise et l'inattendu du quotidien. Nous avons d'abord appris les éléments fondamentaux d'une vie nouvelle dans l'humilité, le service, la louange. La Parole de Dieu et la Règle rythmaient nos pas. Et comme la graine qui pousse toute seule de nuit et de jour sans que nous sachions comment les évènements de la vie nous transforment.
St-Luc nous invite à rester en tenue de travail et à garder nos lampes allumées-Heureux ces serviteurs que le Maître à son arrivée trouvera en train de veiller. L'Esprit de Dieu travaille en nos coeurs de l'intérieur, nous dépouille peu à peu de nous-mêmes pour y sculpter son visage, faire de nous des êtres nouveaux, habités par ce don et cet abandon. Les étapes à parcourir sont à la fois longues dans la patience et simples dans le quotidien. Être habité dans le silence par cette présence de Dieu, lâcher prise de tout ce qui nous encombre, des comparaisons fraternelles, des jugements et de tout ce qui peut engendrer de la jalousie, de la colère de l'orgueil.
De même que Moïse ne pouvait s'approcher du buisson ardent sans ôter ses sandales, de même le Seigneur creuse en nous un lâcher prise pour aimer, un dépouillement de notre corps, de notre âme, de notre esprit pour être façonné à son image et à sa ressemblance. L'Esprit saint compatissant à notre faiblesse, nous visite, nous pousse à prier avec amour en esprit et en vérité.
La prière est un rejeton de la douceur et de l'absence de colère. La prière est un remède à la tristesse et au découragement. La prière est un jaillissement de la joie et de l'action de grâce. Nous avons entendu dans l'Epître aux Philippiens : « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ». St Paul insiste car il sait par expérience que ce n'est pas évident : « Je le répète, réjouissez-vous. Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiet de rien-Phil. 4. 4-9.
C'est une parole d'avenir pour chacune et chacun de nous. Apprenons à rendre grâce en toute chose et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera nos coeurs et nos pensées dans le Christ. Cherchons à ce que la communauté soit un signe authentique. Ne pensons pas à notre vieillesse, ni au lendemain de la communauté. Vivons l'aujourd'hui de Dieu ! Que le Seigneur nous bénisse et nous garde, qu'il fasse resplendir sur nous sa présence et qu'il nous donne la paix jusqu'au jour où il découvrira, à chacune et à chacun son visage.
En ces jours-là, l'esprit vint en moi et me fit tenir debout. J'écoutai celui qui me parlait. Il me dit : « Fils d'homme, je t'envoie vers les fils d'Israël, vers une nation rebelle qui s'est révoltée contre moi. Jusqu'à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi. Les fils ont le visage dur, et le c?ur obstiné ; c'est à eux que je t'envoie. Tu leur diras : ?Ainsi parle le Seigneur Dieu...' Alors, qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas - c'est une engeance de rebelles ! - ils sauront qu'il y a un prophète au milieu d'eux. »
- Parole du Seigneur.
Ez 2, 2-5
Vers toi j'ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel, comme les yeux de l'esclave vers la main de son maître.
Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié.
Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous : notre âme est rassasiée de mépris. C'en est trop, nous sommes rassasiés du rire des satisfaits, du mépris des orgueilleux !
Ps 122 (123), 1-2ab, 2cdef, 3-4
Frères, les révélations que j'ai reçues sont tellement extraordinaires que, pour m'empêcher de me surestimer, j'ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. Par trois fois, j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi. Mais il m'a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C'est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C'est pourquoi j'accepte de grand c?ur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort.
- Parole du Seigneur.
2 Co 12,7-10
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d'origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient : « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses s?urs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n'est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s'étonna de leur manque de foi. Alors Jésus parcourait les villages d'alentour en enseignant.
- Acclamons la Parole de Dieu.
Mc 6, 1-6