Homélie du 1 novembre 2025

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !

Tous les Saints -

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
avancez jusqu'à  00' 00"

Tout l'Évangile est récapitulé en ces quelques lignes. On a même pu dire que ces Béatitudes étaient la manifestation de Dieu, notre Père, parfait et miséricordieux, car elles incarnent son Amour invisible, un peu comme, dans un prisme, la lumière invisible est réfractée en toutes les couleurs de l'arc en ciel.

Plus concrètement, les Béatitudes dessinent pour nous les traits du visage du Christ, pauvre, doux, affamé de justice, miséricordieux, pur, pacifique, persécuté. Pour chacune des Béatitudes nous pouvons trouver plusieurs phrases de l'Évangile qui montrent comment Jésus a lui-même réalisé cet appel adressé à ses disciples au début de l'annonce de la Bonne Nouvelle.

A leur tour les différents saints que nous fêtons aujourd'hui, les plus connus ou ceux que nous sommes les seuls à connaitre, illustrent, chacun à sa façon, ces Béatitudes. Il y a les grands saints, comme, par exemple, saint François d'Assise pour illustrer la Béatitude de la pauvreté, Vincent de Paul ou Mère Teresa pour la miséricorde, Thérèse de Lisieux pour la pureté de cœur. Mais il y aussi des personnes beaucoup plus contemporaines, et même proches de nous qui attestent que telle ou telle Béatitude est vraiment source de vie et de joie.

En effet, pour nous aussi, ces Béatitudes sont des chemins pour rejoindre, à notre tour, le Seigneur Jésus. Nous sommes plus particulièrement touchés par l'une ou l'autre, selon notre situation, notre âge, et nous y entendons un appel personnel à mettre pratiquement en œuvre l'Évangile.

D'ailleurs il n'y a pas que ces huit Béatitudes annoncées dans l'évangile d'aujourd'hui. Je pourrais en rappeler quelques autres :

Heureux ceux qui croient sans avoir vu ;

Heureux ceux qui entendent ma parole et qui la gardent ;

Heureux le serviteur que le Maître trouvera vigilant ;

Heureux ceux qui accueillent des pauvres qui ne peuvent rien leur rendre ;

Heureux êtes-vous si vous comprenez ce que je fais (en vous lavant les pieds) ;

Heureux les invités au repas du Seigneur...

Tout au long de l'année, les lectures de l'évangile nous détaillent cela. Mais aujourd'hui nous sommes plus particulièrement invités à méditer sur ce mot 'Heureux !' qui caractérise ce qu'annonce l'Évangile et dont témoignent les saints.

Heureux ! Bienheureux ! Il y est partout question de bonheur : joie, bénédiction, allégresse, félicité, fête. Ce n'est pas pour rien que cela s'appelle la 'Bonne Nouvelle'. Le seul mot 'heureux' revient 48 fois. Oui, avec le pape François, il faut parler de 'la joie de l'Évangile'.

Mais, je m'arrête ici un moment. N'y a-t-il pas quelque chose d'obscène et de scandaleux à toujours parler ainsi de joie et de bonheur, en ce monde de souffrance, de guerre, de famine ? Ce langage peut choquer. Surtout si nous cédons à une tendance qui présente les Béatitudes, comme un moyen pour gagner le bonheur.

Nous risquons de présenter l'évangile au goût du jour, dans le cadre d'une culture ambiante de recherche du bien-être, de développement personnel, de succès, de réussite. Or l'évangile n'est pas une méthode pour réussir, et pour gagner quoi que ce soit, l'estime, le bonheur, - pas même le paradis.

Certes, Jésus commence sa grande présentation de son message, le 'Sermon sur la Montage', en proclamant «  Heureux  » les pauvres de cœur, etc. Il ne commence pas, comme Jérémie ou Jean-Baptiste, en disant : «  Malheur à vous ! La colère de Dieu va vous tomber dessus !  » Mais, pour lui, les Béatitudes sont un programme, un programme d'action.

Si nous regardons encore une fois les saints qui ont illustré les Béatitudes, mais aussi des témoins de l'Évangile qui nous sont plus proches, nous découvrons qu'ils ne cherchent pas le bonheur, la joie.

Ils sont trop occupés de suivre Jésus, en débordant de miséricorde, en luttant pour la justice et la paix, en cherchant la plus grande gloire de Dieu. Ils trouvent le bonheur 'en plus', mais ce n'est pas leur préoccupation. Toutes ces attitudes, comme la douceur, et toutes ces circonstances accueillies, comme la persécution, ne sont pas que des moyens pour obtenir le bonheur qui serait le seul vraiment important. Parce que le bonheur n'est pas le but de l'Évangile ; il en est le fruit.

Les saints que nous fêtons aujourd'hui sont ceux qui, comme le dit Bernanos, s'engagent totalement à la suite du Christ, sans penser à autre chose, sans calcul, sans escompter d'intérêt, même spirituel.

Le bonheur des saints, c'est 'le bonheur en plus'.

Mes sœurs, mes frères, le bonheur se souhaite, mais il ne se recherche pas. Il se reçoit, - en plus. Et l'absence de recherche de profit personnel est une des caractéristiques de l'Évangile que nous devons développer en cette fête de tous les saints. Dès le début du Sermon sur la montagne, Jésus nous met en garde contre le risque de faire le bien pour être vus, de donner pour gagner, en l'occurrence l'estime, au lieu de faire le bien spontanément, et même à notre insu : «  que votre main gauche ignore ce que donne la droite  », car nous sommes «  des ouvriers quelconques  » qui ne demandent pas de reconnaissance particulière. «  Cherchez le Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné par-dessus le marché.  » D'ailleurs, plus fondamentalement encore : «  Qui veut gagner, garder sa vie, la perdra...  »

Je conclus : oui, mes sœurs, mes frères, Jésus est venu apporter 'la Joie de l'Évangile', - mais c'est dans un monde où règne tant de souffrance, d'indifférence et de mépris. Aussi, il nous montre comment accueillir ce message de bonheur par le témoignage de tous les saints que nous célébrons aujourd'hui.

Et surtout, il nous invitet à reconnaître que nous sommes, nous aussi, désormais, non pas les détenteurs, mais les dépositaires de cette joie, une joie à donner, à partager, quand nous nous engageons pour la justice, la paix, la miséricorde, la douceur, la pureté de cœur, - chaque fois que nous partageons le pain, tout le pain, - toute notre vie.

 

Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues

Moi, Jean, j'ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d'une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j'entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d'Israël.

Après cela, j'ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s'écriaient d'une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l'Agneau ! » Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L'un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l'Agneau. »

- Parole du Seigneur.

Ap 7, 2-4.9-14

Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L'homme au c?ur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6

Nous verrons Dieu tel qu'il est

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c'est qu'il n'a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu'il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

- Parole du Seigneur.

1 Jn 3, 1-3

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de c?ur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les c?urs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

- Acclamons la Parole de Dieu.

Mt 5, 1-12a