Homélie du 25 décembre 2025

 Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous 

Nativité du Seigneur - Année A

Une homélie de fr. Pierre de Béthune

Homélie :
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Bienvenue à vous tous, chers frères et sœurs, chers amis ! Joyeux Noël 2025 ! Jour de joie, jour de paix, jour de communion entre humains. Dieu accepte de devenir l'un d'entre nous et donc de partager toute la fragilité de notre condition humaine. Merveille de tendresse, de proximité, de risque assumé, de mortalité partagée.

Ouvrons nos cœurs, et cette zone vulnérable en nous qui refuse la banale logique du cynisme culturel qui nous entoure, ou encore le bruit, oui le vacarme des marchés de Noël, pour retrouver la haute humanité solidaire, telle que Dieu par la bouche des prophètes et par le témoignage unique de son propre Fils nous a communiquée.

Entrons donc, humblement, à genoux dans nos cœurs et invoquons Celui que Dieu a désigné pour venir nous sauver. Chantons et le Kyrie et le Gloria qui unissent le ciel et la terre en raison d'un nouveau-né.

Homélie Noël 2052

«  Un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance !  »

Chers amis,

Au milieu de la nuit nous avons commémoré l'événement : le bébé dans les bras de Marie, entourée d'humbles bergers qui ont eu une vision angélique et sont venus voir, émus, tremblant et glorifiant Dieu sur la terre.

Il y a de tout temps la grande vulnérabilité de l'homme, de tout homme, également de Dieu devenu homme. Il l'assume.

Noël est chaque année une occasion pour méditer sur l'incarnation du divin dans l'éminemment humain. Dans la nuit, au cœur de l'hiver, ils se rejoignent mystérieusement. Une fois, chaque fois.

L'homme et Dieu seraient-ils en concurrence ? S'excluent-ils mutuellement ? ou formeraient-ils juste une étrange mais remarquable «  parenté  ». Il y a de l'humain en Dieu ; il y a du divin en l'homme. Un sage a dit : «  La tendresse est ce qu'il y a de plus humain en Dieu et de plus divin en l'homme  ». L'humain peut se surpasser, - «  l'homme passe infiniment l'homme  », disait Blaise Pascal - et le divin ne répugne pas à s'humaniser, jusqu'au bout de la dite condition humaine, condition mortelle dès sa venue au monde.

Le voyons-nous ? Le croyons-nous ? Certains ont trop vu pour encore y croire, et pour eux y croire serait une trahison à l'égard de la solidarité vraie avec toute la misère, regardée en face. Et pourtant : le paradoxe insupportable de l'Éternel qui accepte de partager la condition mortelle qu'est la nôtre, est au centre de notre foi chrétienne.

Notre monde cynique ne cesse de nous inonder avec des images chocs, les unes très vraies, les autres fake, construites pour impressionner. Mais l'humain qui sauve l'autre qui souffre, quand le voyons-nous et quand aura-t-il médiatiquement le dessus sur toutes les horreurs dont nous sommes capables ? Comme celle d'une maman par exemple qui hier encore à Gaza n'avait qu'une bâche pour se couvrir et se protéger contre les pluies qui inondaient le bout de parterre où fut plantée sa tente, alors qu'elle tient dans ses bras un enfant, né il y a moins de dix jours ? Ainsi en témoignait une infirmière.

Oui, nous avons chanté avec le prophète Isaïe : «  Un enfant nous est né, un fils nous est donné...  » et cela reste vrai : «  éternelle est sa puissance  » !

Noël, c'est la toute-puissance de chaque enfant nouveau-né.

Noël, c'est Dieu tout proche et vulnérable, nu et à la merci du froid, des pluies hivernales et des guerres fratricides entretenues sur notre petite planète bleue. Sa venue n'avait rien de triomphal. Et même Salomon dans toute sa gloire reconnaissait : je suis né comme tout le monde, nu, criant, roulé dans des langes, à la merci de qui m'a accueilli en premier.

Chères sœurs, chères frères, chers amis : Le Verbe s'est fait chair, Dieu parle, et se dit, par la bouche des grands prophètes bibliques et aujourd'hui même par la bouche d'un enfant qu'allaite une maman, plus forte que la mort. Dieu dit son Fils aujourd'hui en un langage humble, le plus humble qui soit, par lequel tous nous sommes passés, petits et grands, soldats et généraux, les rois et les tyrans. Or tous, nus, nous connaîtrons tôt ou tard, la mort, torturés ou épuisés par la maladie, le vieil âge, l'arrêt du cœur ou un accident fortuit. Quelle fragilité nous entoure, et surtout : quelle solidarité avons-nous tous besoin au départ de la vie comme à la fin ?

Arriverons-nous à partir d'aujourd'hui, Noël 2025, à être humains, très humains, d'une humanité qui surpasse la quête de satisfaction de nos besoins les plus élémentaires ? Noël, c'est non seulement la naissance d'un Enfant-Dieu, c'est en même temps, par cet anniversaire annuel, la belle confrontation avec la re-naissance de chacun de nous - quelle que soit notre âge, notre peau, notre ascendance culturelle, notre milieu social ou religieux. Allons-nous renaître - enfin - à la plus belle humanité, celle de ce fils d'homme qui a osé dire : «  Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau de l'existence. Venez à mon école et apprenez : je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez la paix dans vos âmes  ».

Chers amis, faisons un moment silence, autour du mot incarnation : il s'agit du point éminemment fragile en chacun de nous, où le divin frappe à la porte de l'humain. Rappelons-nous ce que disait Stan Rougier, ce sage de nos jours : «  La tendresse est ce qu'il y a de plus humain en Dieu et de plus divin en l'homme...  » Devenons à nouveau capables de recevoir la tendresse et de la rendre tendrement, entre frères et sœurs, entre enfants et parents, entre voisins, entre amis et ennemis...

«  Un enfant nous est né

Un fils nous est donné

Éternelle est sa puissance  ».

 

Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu

Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! » Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem ! Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu.

- Parole du Seigneur.

Is 52, 7-10

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !

Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments ; au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur !

Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6

Dieu nous a parlé par son Fils

À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l'univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ; et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur. En effet, Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ? À l'inverse, au moment d'introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu.

- Parole du Seigneur.

He 1, 1-6

Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée.

Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l'existence, mais le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.

- Acclamons la Parole de Dieu.

Jn 1, 1-5.9-14